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un certain nombre de bons gratuits, qui leur donnent droit à un plat chaud à l’heure de midi. Le comité régional tunisien de l’alliance française, aidé par le comité de Paris, fournit les sommes nécessaires à cette largesse.

Les Israélites, — 40,000 à Tunis, — créèrent dans cette ville, en 1878, la grande école de l’alliance Israélite dont les cours sont actuellement suivis par 1,000 élèves. Plus de 800 enfans pauvres y reçoivent gratuitement la nourriture, et beaucoup sont habillés. Pour démontrer combien l’étude de la langue française occupe le premier rang, il me suffira sans doute de dire que le personnel enseignant comprend huit professeurs de français, dit moniteurs, également français, et six professeurs d’hébreu. L’école de filles de l’alliance Israélite reçoit une population scolaire de 613 enfans. Le London Jews society possède aussi à Tunis un collège de garçons et une école de filles ; dans les deux établissemens, l’usage du français a été adopté.

Les Italiens, représentés dans toute la régence par 20,000 individus, ont aussi des collèges ou écoles d’enseignement à Tunis, à la Goulette et à Sousse. Notre contrôle n’y est pas admis.

Ce sont les sœurs de Saint-Joseph de l’Apparition qui, vers 1843, fondèrent en Tunisie la première école de filles. Elle s’est maintenue jusqu’à nos jours, sans que son installation, parfaite à tous les points de vue, se soit jamais altérée. Les sœurs, infatigables, établirent des succursales d’enseignement à la Goulette, à Bizerte, à Sousse, à Monastir, à Médhia, à Sfax et Djerba, partout où elles avaient l’espoir de faire aimer et respecter la France. D’autres saintes femmes, les sœurs de Sion, très répandues en Orient, voulurent également être représentées, et, en 1882, elles y ouvrirent un grand établissement où les jeunes filles reçoivent une éducation des plus complètes. Les travaux à l’aiguille y tiennent une grande place. Il serait tout à fait injuste de passer sous silence l’importante école laïque dirigée par une de nos compatriotes, Mme Ponson. Les maîtresses sont pourvues du degré supérieur, et préparent leurs élèves aux examens de tous les brevets d’enseignement.

Ce qu’il y a d’admirable en tout ceci, ce qui fait le plus grand honneur aux hommes comme aux femmes d’élite qui ont assumé la lourde lâche d’instruire la jeunesse tunisienne, c’est que, avant le protectorat, aucun de leurs établissemens ne recevait de subvention ni de la métropole française, ni du gouvernement local, lequel, du reste, s’est toujours désintéressé de ce qui pouvait être enseigné chez lui.

Pour résumer ce qui précède, il y avait en Tunisie, au 31 janvier