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de deux congés. Il est des cancres que cela accommoderait en tout pays.

Le gouvernement beylical, pris d’une louable émulation lorsqu’il vit les écoles des frères accaparer la jeunesse tunisienne et suivre l’abbé Bourgade, fonda en 1876 le collège Sadiki pour la jeunesse musulmane désireuse de se consacrer à l’administration et aux carrières libérales. Le fondateur de ce collège, S. A. le bey Sadock, trouvant le trésor vide, dota le collège avec le produit des biens confisqués à l’un de ses anciens favoris. Il eût pu garder le produit de cette vente : voilà où est son principal mérite ; cette mesure porta les rentes annuelles de l’établissement à 240,000 francs. Est-ce mauvaise direction ou négligence? Toujours est-il que les revenus allèrent diminuant d’année en année, et eussent abouti à la fermeture du collège Sadiki sans les réformes qui lui furent appliquées depuis que le protectorat français existe. Une sorte de conseil judiciaire lui fut donné, conseil qui prépare son budget, nomme les professeurs et règle leurs émolumens.

Le collège, aujourd’hui, reçoit 150 élèves dont les cours principaux sont : l’étude de la langue arabe et du Coran, la grammaire, le droit, la théodicée, la rhétorique, la logique, la littérature, les langues française et Italienne, les élémens de mathématiques et de physique, l’histoire et la géographie. Des collégiens ont été envoyés en France pour y achever leur instruction ; deux d’entre eux ont passé trois années à l’école normale de Versailles et en sont sortis avec le brevet supérieur. Deux succursales du Sadiki ont été ouvertes à Sfax et à Kairouan, et l’enseignement du français y est obligatoire. Les jeunes princes de la famille beylicale, — et ils sont légion, grâce à l’un des commandemens de Mahomet, — reçoivent à Sadiki un enseignement européen.

En 1884, le bey régnant fonda un nouveau collège dont la création se rapporte à la période de notre protectorat. Il est installé dans une des plus belles situations de Tunis, et tellement grand est le nombre de ses disciples qu’il faut songer à l’agrandir. Il est divisé en deux sections : école normale et école primaire. L’école normale est en quelque sorte la pépinière des institutions de la Tunisie ; son personnel est une preuve de son importance, car il se compose de huit professeurs français, et de deux professeurs indigènes. Quant à l’école primaire, elle est aux mains de six maîtres élémentaires pour l’enseignement du français, deux maîtres arabes, un professeur de musique, un autre de dessin, et un professeur de gymnastique.

L’externat en est absolument libre, aussi bien à l’école normale qu’à l’école primaire. Il y a plus : on distribue aux élèves indigènes