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Quoi qu’il en soit, il y avait là une anomalie réelle, trop facile à exploiter, et dès qu’elle nous a été signalée, nous l’avons fait disparaître en proposant à l’administration supérieure de supprimer complètement ce paragraphe du tarif 110, en même temps d’ailleurs que, par mesure complémentaire, l’Est supprimait le tarif commun via Gothard dont l’existence avait été la seule raison d’être du nôtre.


Prenons enfin un dernier exemple, celui des vins étrangers, dont l’introduction paralyserait soi-disant le relèvement de la viticulture française. Celle-ci, grâce à Dieu et aux cépages américains, se relève vaillamment dans les départemens qui, comme l’Hérault, ne se sont pas abandonnés. Jusqu’à nouvel ordre, toutefois, la France ne produit plus la quantité de vins nécessaire à sa consommation ; il faut donc bien qu’elle tire la différence de l’étranger. Dans cette invasion nécessaire, la voie d’eau joue certainement le rôle prépondérant, la voie de 1er un rôle relativement effacé. Pour les provenances de l’Espagne, en particulier, la mer et la Seine ont amené à Paris, en 1889, nous le rappelons, 250,000 tonnes, au prix de 30 à 35 francs; le chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée 87,000 tonnes, au prix de 52 francs. C’est lui, cependant, dont on critique les agissemens et les tarifs.

Ses agissemens d’abord. Mais, s’il s’abstenait, les 87,000 tonnes qu’il réussit à attirer à ses rails laisseraient-elles de venir à Paris par la mer et la Seine ? Et de quel profit serait pour la viticulture française l’abandon qu’il ferait, à raison de 30 francs environ par tonne, d’une recette annuelle de 2,600,000 francs, abandon qui dérangerait singulièrement l’équilibre de son budget et de ses relations financières avec l’État ?

Quant à ses tarifs, fait-il un usage excessif ou anormal de son droit incontestable à prendre sa part d’un trafic qu’il serait absurde et inique de prétendre réserver exclusivement à la navigation? Favorise-t-il les vins d’Espagne au détriment des vins de France? Les transporte-t-il, comme on ne se fait pas faute de l’affirmer, moins cher qu’il ne transporte les vins de l’Hérault? Examinons. Les transports de vins font l’objet des trois tarifs spéciaux : n° 6, pour l’intérieur du réseau Paris-Lyon-Méditerranée; 106, commun avec diverses compagnies françaises; 206, commun avec les chemins de fer étrangers (ou avec des compagnies de navigation, pour les provenances trop voisines du sud de l’Espagne pour qu’il soit matériellement possible de songer à les amener à Paris par toute voie de fer). Dans ces trois tarifs, les taxes totales croissent, cela va sans dire, avec la distance, mais