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quantité suffisante pour la consommation du pays et pour l’exportation. Le roi est si assuré d’avoir raison qu’il donne pour sanction à la défense d’exporter la laine « la strangulation. »

Puisque tout le monde fait ses affaires, le roi fera les siennes. Il n’admettait aucun retard dans le paiement de ses revenus. Pour l’accise, qui était un impôt indirect, point de difficultés; mais les ruraux faisaient attendre les contributions et les fermages. Le roi leur parle clair : « Le versement devra être fait exactement au terme fixé, sans la déduction, même la plus petite, et nous n’admettons aucune excuse, de quelque nom qu’elle s’appelle. « Il savait toutes les ruses des paysans. Ceux-ci ne se feront pas faute de dire que les denrées se sont vendues à trop bas prix : « Il faudra leur répondre qu’il ne peut pas y avoir que des années chères. S’il en était ainsi, nous aurions affermé trop bas. Le bail a été calculé sur une moyenne, de façon qu’une bonne année couvre une mauvaise. Nous n’avons pas promis à nos fermiers qu’il n’y aurait que des années chères. Ils ont signé les baux sans condition (olne zu conditionniren). Le fermage a été inventé justement pour que le propriétaire tirât profit de ses biens et en touchât le revenu, argent comptant, sans entrer dans des comptes compliqués. Donc, point de faiblesse, point d’humanitaireries. Si l’argent ! (en retard, s’il est « accroché » quelque part, c’est au directoire de savoir l’endroit et d’employer tous les moyens de le décrocher. Si ces moyens n’apparaissent pas « aussi clairement que le soleil dans le ciel, » il enverra, « sans perdre le plus petit moment, » au lieu où se sont produits le manquement et la confusion, et fera, sur place, appliquer le remède.

Le directoire général exerce son autorité sur toute l’administration de la monarchie. Les commissariats de guerre et les chambres des domaines des provinces relèvent de lui. Quand il s’y produit des vacances, il y pourvoit. Il mettra dans les commissariats « de braves gens très appliqués, pourvus d’un sain entendement naturel, au courant de la manufacture, de l’accise et de toutes les affaires qui sont du ressort des commissariats ; dans les chambres des domaines, des hommes qui ont pratiqué la culture, entendus en comptabilité, vigilans, bien portans. » Plus rares devraient être les qualités des membres du directoire. Les ministres, qui proposaient au roi des candidats aux places vacantes, devaient choisir, «après les avoir partout cherchés,» les gens les plus habiles, calvinistes ou luthériens, fidèles et honnêtes, comprenant l’économie pour l’avoir pratiquée, connaissant le commerce et la manufacture, capables de bien écrire, c’est-à-dire de bien exposer une affaire, ayant des « têtes ouvertes. »

Frédéric-Guillaume faisait dans ces lignes comme le portrait de