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Cette exégèse, qui présente un caractère de candeur et de modération parfaite, est la ruine de l’autorité des Évangiles. Du reste, elle est en opposition formelle avec les rédacteurs de ces documens. Deux d’entre eux attestent qu’ils ne sont que des historiens qui racontent fidèlement ce qu’ils ont entendu et vu, ou ce qu’ils ont appris de la bouche des témoins immédiats des événemens. A moins de suspecter leur bonne foi et de leur attribuer un mensonge vulgaire, il convient de les recevoir comme ils se donnent. Depuis le XVIIIe siècle, aucune critique qui se respecte n’est admise à traiter les Évangélistes d’imposteurs et de fourbes, même en atténuant l’épithète et en réduisant la fourberie à un artifice littéraire, à la mode orientale. On peut leur refuser la science mondaine et la littérature des académies, mais non pas l’honnêteté et la sincérité.

Tous ces auteurs ont donné leur vie pour soutenir ce qu’ils disaient être la vérité. De toutes les preuves de bonne foi, il n’en est pas de plus sacrée, de plus triomphante parmi les hommes. La simple parole peut être suspectée, la parole scellée par le martyre et le sang des témoins s’impose à la confiance des plus sceptiques.


VII.

La critique historique ne doit pas examiner seulement les sources écrites et leurs auteurs, les témoignages et les témoins, elle doit apprécier le contenu des livres et des documens, les faits et les doctrines qui y sont rapportés.

Quels faits, quelles doctrines sont racontés, exposés dans les quatre Évangiles et forment la substance des dépositions de chaque témoin ? — Les faits de la vie de Jésus, la doctrine religieuse qu’il a inculquée à ses disciples et par eux à la conscience humaine.

Or, tous les faits, — je ne dis pas quelques faits, je dis tous les faits importans, sans exception, depuis l’origine de Jésus jusqu’à sa sortie, son exode de ce monde, — sont des faits miraculeux. Toute sa doctrine relative à sa personne et à sa nature, sa loi morale aussi bien que les déclarations solennelles par lesquelles il révèle son œuvre et ses relations avec le Père qui l’envoie et l’humanité qu’il vient sauver, toute sa doctrine est transcendante à la raison; elle est essentiellement prophétique, car elle exprime des vérités supérieures à l’expérience et aux déductions de l’homme. Elle ne peut être acceptée que par la foi, et sa crédibilité ne peut être vérifiée que par les miracles et les faits qu’elle engendre dans l’âme du croyant.

Les Évangiles ne sont qu’une trame ininterrompue de prophéties