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l’Unifiée le cours de 500 est malaisément accessible ; c’est une question de temps. Pour l’Extérieure, l’Italien, le Portugais, la situation financière et économique du pays proteste contre des velléités de hausse nouvelle. Le crédit d’un État ne peut s’améliorer d’une manière sérieuse et durable lorsque son budget est de plus en plus embarrassé. Il y a dans toute cette ébullition des cours des rentes étrangères quelque chose de factice qui fait douter de la solidité de l’évolution accomplie.

D’un autre côté, les grandes institutions de crédit, les maisons de banque les plus puissantes d’Angleterre et du continent préparent pour cet hiver des opérations considérables, nouvelles conversions russes et hongroises, Crédit foncier italien, emprunt espagnol, emprunt portugais, etc., sans compter l’émission annoncée du 6 0/0 mexicain et les projets en cours d’élaboration en Angleterre pour la République Argentine, où les affaires ne reprennent ni activité ni santé, malgré la faveur qu’avait obtenue pendant les premiers jours la nouvelle administration. Pour toutes ces opérations la hausse est le levier nécessaire.

Parmi les sociétés de crédit, la Banque de France est celle dont l’action a été l’objet du plus vif mouvement de reprise depuis le commencement de septembre. De 4,180 ce titre s’est élevé à 4,300 ; les achats paraissent surtout motivés par un calcul de capitalisation comparée avec le taux de rendement de la rente française, peut-être aussi par la pensée qu’avant peu l’argent sera plus serré qu’il ne l’est pour quelques semaines encore. Quant à la question du renouvellement du privilège, elle est ajournée à 1891, et se posera comme un corollaire du grand emprunt de 700 millions.

Le Crédit foncier s’est arrêté dans son large et légitime mouvement de reprise à 1,325, cours où il se tenait habituellement avant la dernière crise. La Banque de Paris et le Crédit lyonnais ont oscillé autour des prix atteints fin août. Le Comptoir national d’escompte est en progrès de 15 francs à 635. L’action de l’ancien Comptoir, que les habiles ont pu acheter, après la débâcle, entre 80 et 120 francs, avait déjà reconquis le cours de 200 francs à la fin du mois dernier. La divulgation des résultats acquis par la liquidation, remboursement des avances de la Banque de France et de la Banque de Paris, rentrées diverses, indemnité des administrateurs, etc., a ouvert des perspectives nouvelles sur le sort réservé aux porteurs de cette valeur, et une hausse de 45 francs s’est encore rapidement produite. C’est à la fermeté du prix du cuivre qu’est due cette résurrection. Qui eût pu penser, au lendemain du krach du Comptoir et de la Société des Métaux, que quinze mois plus tard le cours de 59 à 60 livres sterling serait considéré comme normal pour l’écoulement de l’immense stock si imprudemment