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d’espoir qu’en Stein. Le 31 mai 1808, Stein revenait de Berlin et, dès les premiers jours de juin, discernant avec son clair coup d’œil le mal et le remède, il obtenait du roi, lui imposait peut-être la nomination de Scharnhorst comme adjudant général rapporteur au lieu et place de Lottum. De ce moment, les affaires militaires prirent un cours différent. S’il est vrai que l’intervention du roi y fut particulièrement sensible, il est donc vrai aussi qu’elle se traduisit en hésitations, en restrictions, en actions d’influences subalternes. Elle se traduisit surtout dans le caractère incomplet des résultats.


IV

L’organisation de l’administration centrale de l’armée avait été un des points les plus faibles de l’ancienne bureaucratie prussienne. Il fallait tout d’abord y porter remède. Toutefois le roi n’y avait point fait allusion dans le programme qu’il avait indiqué, dès le début, à la commission, et lorsque celle-ci proposa une réorganisation rationnelle de l’administration militaire, l’institution d’un ministère de la guerre partagé en deux départemens, l’un pour les affaires militaires, l’autre pour l’administration de l’armée, le roi ne se résolut à accepter ces propositions qu’au mois de juillet 1808. Encore donna-t-il une preuve nouvelle de ses méfiances en n’attribuant à Scharnhorst que le premier de ces deux départemens et le second à Lottum, organisant ainsi le désordre au sein du nouveau ministère.

Ce n’étaient là que les préliminaires de la réforme. Ce qui en faisait l’objet principal, c’était le recrutement et la constitution sociale de l’ancienne armée prussienne, c’était le système de recrutement et le caractère exclusivement nobiliaire du corps d’officiers.

Les événemens qui avaient marqué la campagne de 1806 avaient porté à son comble l’impopularité de la caste militaire. Les scandales de la reddition des places fortes avaient, dès le mois de décembre 1806, obligé le roi à prendre des mesures de rigueur. La commission d’enquête qu’il avait instituée devait, en châtiant les fautes commises, préparer un renouvellement du personnel. Toutefois, telle était la situation des officiers sous l’ancien régime, qu’aucun texte légal ne permettait de sévir contre eux. Les articles de guerre ne s’appliquaient qu’aux sous-officiers et aux soldats. On n’avait point voulu admettre que l’officier noble pût faillir. L’on dut, après des recherches minutieuses, s’appuyer pour frapper les coupables sur un texte qui datait du grand électeur. La