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très important, sur le bord de la mer, à 40 mètres du rivage dont il n’est séparé que par la promenade des Anglais prolongée. C’est une magnifique villa qu’on a transformée avec un véritable luxe. Balnéation, gymnastique, orthopédie, tout y est réuni. On n’a rien épargné pour en faire un établissement modèle. Il a été très richement doté, dès le début, par les habitans du pays et par la colonie étrangère et il rend de très grands services ; mais il n’eût pas été plus dispendieux d’en faire un hôpital marin. Les deux créations ne s’excluent pas du reste, et il faut espérer que la population riche et généreuse de cette grande ville tiendra à honneur de rétablir, sur une plus grande échelle, le sanatorium jadis fondé par la libéralité de M. Friedland.


III

Les essais tentés à Cannes et à Nice n’avaient eu aucun retentissement, et le mouvement en faveur de la création d’hôpitaux marins semblait complètement arrêté, lorsqu’il a pris un nouvel essor, grâce à la persévérance de quelques hommes ardens pour le bien. Parmi ces philanthropes, il en est trois dont le nom est particulièrement lié à cette œuvre si éminemment utile : ce sont MM. Armaingaud, professeur agrégé à la faculté de médecine de Bordeaux ; Fallu, inspecteur des enfans assistés du département de la Loire-Inférieure, et Vidal, médecin en chef de l’hôpital d’Hyères.

Le docteur Armaingaud a commencé sa campagne, il y a bientôt dix ans. En 1882, il exposa ses idées et ses plans au congrès international d’hygiène de Genève, dans un rapport dont les conclusions furent votées par l’assemblée tout entière. Fort de cette adhésion unanime, il commença à se livrer à une propagande qu’il poursuit depuis cette époque avec une ardeur que rien ne ralentit, pas même le succès. Infatigable et toujours sur la brèche, il allait de ville en ville, comme Barellaï, plaidant la cause des hôpitaux marins dans des conférences publiques, dans des réunions privées, la vulgarisant à l’aide de petites brochures qu’il répandait par milliers dans le public.

Non content de convaincre les esprits par sa parole entraînante, M. Armaingaud voulut prêcher d’exemple, en réunissant sur le littoral quelques petits scrofuleux qu’il entretenait à ses frais et à l’aide du concours de ses amis. Cette généreuse initiative fit naître d’autres dévoûmens, et en 1887 il put réunir à Arcachon, dans une villa louée à cet effet, vingt enfans appartenant aux sociétés de secours de Bordeaux et désignés par le sort. Tel a été le point de départ du sanatorium qui s’élève aujourd’hui sur cette plage. Il ne doit rien à personne ; il est l’œuvre du docteur Armaingaud.