Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/929

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décembre. Ils sont interrompus pendant la période la plus rigoureuse de l’hiver, pour être repris en mars. La température de la mer ne descend pas au-dessous de 12 degrés en janvier et en février. L’eau serait assez chaude pour qu’on pût continuer les bains, si ce n’était la difficulté de la réaction à la sortie. En automne et au printemps, la température de l’eau est sensiblement égale à celle de l’atmosphère. Elle oscille entre 16 et 20 degrés. Les bains durent de deux à dix minutes suivant les cas et suivant la saison. La réaction se fait alors très facilement sur la plage, et les enfans peuvent se baigner tous les jours.

L’asile Friedland est connu à Nice sous le nom d’Établissement du Mont-Boron et remonte à 1880. M. Friedland avait légué, par testament, une somme de 200,000 francs pour fonder et entretenir un sanatorium à l’usage des enfans du sexe masculin, scrofuleux ou rachitiques. A sa mort, le baron Roissard du Bellet, son gendre, acheta l’ancienne maison dite du fort Thaon, avec le petit terrain couvert d’orangers et de citronniers qui l’entourait. Il fit exécuter les travaux nécessaires à sa transformation. Ils lui coûtèrent 60,000 francs. Il en restait encore 140,000 dont la rente, jointe au produit des dons et des quêtes, devait suffire à l’entretien de l’hospice et des douze petits garçons qu’il renfermait.

Ce sanatorium était dirigé, dans le principe, par les frères Saint-Jean de Dieu ; mais M. Roissard du Bellet les a remplacés par des sœurs de Saint-Vincent de Paul. Il y a deux ans, il a fait subir, à l’établissement, une transformation plus importante. Au lieu de garçons atteints de scrofule grave et nécessitant des soins médicaux, il n’y admet plus que des petites filles, assez peu malades pour ne suivre aucun traitement. On les conduit quelquefois aux bains de mer ; mais, en général, elles sont occupées à la cueillette des oranges et des olives. Autrefois, le docteur Labordette donnait des soins réguliers et gratuits à l’établissement ; mais, depuis sa mort, il n’y a plus de direction médicale. En un mot, le Mont-Boron a changé de destination. Ce n’est plus qu’un orphelinat, et c’est chose regrettable, car il était placé dans d’excellentes conditions pour faire un hôpital marin. Situé sur une colline élevée de 40 mètres au-dessus de la mer, entouré d’oliviers et d’orangers, il aurait pu devenir, avec quelques agrandissemens, un établissement de premier ordre.

Les détails qui précèdent et que je dois à l’obligeance du docteur Frémy, expliquent l’oubli dans lequel est tombé l’asile Friedland, au sujet duquel le docteur Gazin n’a pu obtenir aucun renseignement lors de la rédaction de son bel ouvrage. Il serait difficile de le ramener à sa destination primitive ; on ne paraît plus, à Nice, songer aux hôpitaux marins. On vient d’y fonder un dispensaire