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NI DIEU NI MAITRE. 835 THERESE. Un tas de choses qui te feraient hausser les épaules si tu les entendais... Il est donc inutile que je te les dise. PIERRE. Dis tout de même. THÉRÈSE. Eh bien, je leur recommande d’avoir patience et résignation, je leur parle d’une vie à venir, qui sera meilleure pour eux que celle-ci... PIERRE. Peuh! c’est de la viande creuse, en effet. THÉRÈSE. Tu ne dirais pas cela, si tu voyais comme ils y mordent, mon ami... Et puis, quand je pense à ce que vous leur donnez, vous autres, les esprits forts, à la place!.. PIERRE. Enfin, soit, comme tu voudras!.. Tu sais que, sur ce terrain-là, nous ne pouvons pas nous entendre... Où es-tu allée, tout à l’heure, après le déjeuner? THÉRÈSE. Faire mon petit tour à l’église, avant de grimper à mes man- sardes. PIERRE. C’est drôle, d’avoir comme ça, tous les jours, des rendez-vous avec le bon Dieu!.. Est-il exact, au moins? THÉRÈSE. Très exact. PIERRE. Ah!., tu as de la chance, Dieu fait des frais pour toi... il se ré- vèle, il se montre! Tout juste ce que nous lui demandons, nous autres... et il ne veut pas! THÉRÈSE. C’est que vous le lui demandez mal. Vous êtes des orgueilleux, vous tous, les savans! Vous le sommez de comparaître par-devant vous comme un accusé, de vous rendre des comptes, de vous