Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/840

Cette page n’a pas encore été corrigée

834 REVDE DES DEUX MONDES. PIERRE. Tiens, te voilà rentrée, ma femme... Déjà! THÉRÈSE. Oui... pour un instant seulement. J’ai encore une petite course à faire. Je suis Tenue prendre quelque chose dont j’avais besoin, et je repars dans dix minutes... (a m 116 jauzon.) Mademoiselle, voudriez- vous avoir l’obligeance de faire envelopper la petite brassière de laine tricotée que j’ai finie hier soir. Elle doit être dans ma chambre, sur la commode. Veuillez en même temps prendre dans ma table à ouvrage un paquet de bons de pain, une cinquantaine, à peu près... MADEMOISELLE JAUZON. Très bien, madame. (Elle sort.) PIERRE. Dis-moi, Thérèse, est-ce qu’Adrienne ne t’accompagne pas quel- quefois, quand tu vas visiter tes pauvres? THÉRÈSE. Non, jamais, mon ami... D’ailleurs, ce n’est pas de son âge... PIERRE. Ce serait aussi bien de son âge que de passer sa vie à cavalcader au Bois... Et M Ue Jauzon, t’accompagne-t-elle, au moins? THÉRÈSE. Oh! ça n’est pas digne d’elle, c’est trop terre à terre... c’est bon pour moi, qui ne suis pas une forte tête, qui ne suis pas une philosophe... Du reste, j’aime mieux être seule. Ça me gênerait pour faire mes petits speeches, d’avoir quelqu’un là qui m’enten- drait... PIERRE. Tu fais donc des petits speeches? THÉRÈSE. Mais oui, toujours... Un morceau de pain qu’on donne tout sec, sans quelques bonnes paroles pour l’aider à passer, ce n’est que la moitié de la charité, et encore!.. PIERRE. Qu’est-ce que tu leur contes, à tes pauvres?