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NI DIEU NI MAITRE. 821 pas là... (lï lui serre la main ainsi qu’à Adrienne.) VeneZ-VOUS faire U1T tour au cercle avec moi, Maurice, ou restez-vous? MAURICE. Ma foi, je vous accompagne. THÉRÈSE. Tu ierais mieux aujourd’hui de finir la soirée en famille, mon en- fant. MAURICE. Oh! vous savez, ma belle-mère, la famille, c’est très gentil, mais pas trop n’en faut à la fois. (Favreuil et Maurice sortent, tandis qu’Adrienne et Valmeyr se promènent en causant sur le devant de la scène.) ADRIENNE, à Valmeyr. Eh bien, vous avez entendu la petite profession de foi que mon père vient de nous servir. Elle ne vous a pas trop scandalisé? VALMEYR. Moi?.. Pas du tout, mademoiselle. ADRIENNE. Avez-vous bien songé que je ne suis ni catholique, ni protes- tante, ni rien du tout?.. Cela ne vous effraie pas... pour plus tard... quand nous serons mariés? VALMEYR. Nullement... Une seule chose m’aurait ennuyé, c’est que vous fussiez juive... A cause de la clientèle, vous savez... Ça aurait pu me nuire : il y a des gens si drôles!.. Mais que vous ne soyez rien du tout, cela m’est parfaitement égal... Je suis moi-même unrien- dutoutiste convaincu. ADRIENNE. Ah! comme papa, alors? VALMEYR. Oh! votre père n’en est pas un!.. Il a un fond d’enthousiaste... Ecoutez-le parler du progrès, de la science, de l’humanité, de la patrie! Tenez, tout à l’heure encore, de ses maîtres... Parole d’hon- neur, on n’a pas idée de ça! ADRIEN m: . Ah! vraiment?.. C’était bien, pourtant, ce qu’il disait.