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10 dollars par mois : de plus, sa nourriture et son toit lui sont fournis à bien meilleur compte.

Le docteur Wiley, économiste américain, attaché au département d’agriculture et qui a fait des études remarquées sur la question sucrière, insiste énergiquement sur le rétablissement de forts droits imposés à l’entrée des sucres étrangers pour protéger le planteur américain, dont il prédit le succès s’il est encouragé : dans ces conditions, il affirme que 5 millions d’acres en culture suffiront pour parer à tous les besoins sucriers des États-Unis.

Le parti républicain paraît vouloir, sur ce chef, s’engager dans la voie contraire, et cette fois encore sacrifier de propos délibéré l’agriculteur à l’industriel. La raison en est que ce dernier, jusqu’ici, a libéralement contribué aux mises de fonds nécessaires à la campagne électorale. En effet, le représentant Mac-Kinley, qui a jeté récemment l’émoi parmi nos manufacturiers de Lyon, grâce à son nouveau mode de perception arbitraire sur l’entrée des soieries importées, vient de saisir le comité législatif des voies et moyens (commission du budget) d’un projet général de tarif douanier, révisé suivant les vues de son parti qui est la majorité. Or, ce projet opère une réduction de 30 millions de dollars sur les droits à payer par les sucres importés. Nous ne pouvons que nous en réjouir pour nos raffineurs.

D’après ce projet, qui soulève d’ailleurs des orages dans tous les camps où chacun aspirait à une victoire plus complète à son unique profit, détaxe complète ou tarif prohibitif, le droit actuel de 2 cents par livre de sucre importée aux États-Unis serait réduit à 1 cent par livre. L’Amérique du Nord est déjà, de tous les pays producteurs et consommateurs de sucre, celui dont le tarif d’entrée est notablement le moins élevé : car la moyenne en Europe est de 4 cents 1/2 par livre.

La moyenne actuelle du coût du sucre, importé annuellement dans l’Amérique du Nord, varie entre 72 et 83 millions de dollars, pour lesquels le consommateur américain paie en sus à son trésor comme droits de douane, et suivant les qualités, 55 millions de dollars. Après celle de l’Angleterre, la consommation sucrière la plus forte, par tête d’habitant, était celle des États-Unis jusqu’à l’année 1880.

Grande-Bretagne, 56 livres ; États-Unis, 34 ; Hollande, 21 ; France, 17 ; Allemagne, 13.

Depuis 1880, la consommation anglaise est montée à 64 livres ; celle des États-Unis à 52 livres par habitant. De 1870 à 1885, c’est pourtant la consommation allemande qui s’est proportionnellement le plus accrue : elle a augmenté de 105 pour 100.