Page:Revue des Deux Mondes - 1890 - tome 100.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

A son tour, le Mississipi, vainqueur, s’est attardé aux pratiques routinières remontant au père Labat : aussi, malgré la richesse et l’aptitude exceptionnelle de ses terrains, il a dû céder le pas au Texas, dont, depuis vingt-cinq ans, la population n’a cessé de s’accroître. C’est dans ces régions, en attendant l’absorption de Saint-Domingue, au profit unique des gens de couleur, projetée par M. Blaine, que le gouvernement fédéral cherche à faire remonter, pour les fondre dans la masse des blancs, et comme colons, les noirs de la Nouvelle-Orléans, dont le nombre électoral et, les appétits commencent à devenir inquiétans.

Dans les vieux états, le sol est presque épuisé : les engrais artificiels y dévorent la plus grosse part des bénéfices : il faut y aviser à une autre espèce de culture.

Les chiffres de production ont établi sans conteste la supériorité du Texas, dont les plaines du comté de Brazas n’ont pas de rivales. Au recensement de 1880, le Mississipi tient encore la palme : il fait rendre 963,111 balles de coton à une superficie de 2,106,21 5 acres, alors que le Texas ne peut encore obtenir que 805,284 balles de 2,173,435 acres cultivés.

Mais arrive la récolte de 1887 : les rôles sont et resteront désormais renversés. Le Texas a augmenté comme par enchantement, culture et rendement : 801,570,286 livres de coton pour 3,960,324 acres en rapport. Les chiffres correspondans du Mississipi ne sont plus que de 510,142,560 livres pour 2,548,674 acres.

L’ensemble de la production cotonnière générale des États-Unis a suivi la même marche ascendante. L’année 1879-80 a donné 5,755,359 balles ; en 1888-89, on recueille 6,938,920 balles. La production a doublé depuis trente ans : les demandes ont suivi du même pas. En effet, en 1866, à une consommation totale extérieure de 4,408,000 balles, les États-Unis n’avaient fourni qu’un contingent de 2,193,987 balles. En 1888, ils ont exporté 4,649,720 balles de coton à eux seuls. On ne peut que s’incliner devant une si prodigieuse exploitation.

Occupons-nous maintenant du sucre. La question sucrière, aux États-Unis, est aujourd’hui à l’état de problème à résoudre. Disons tout de suite que, pour cet objet de première nécessité, l’Union ne produit pas la quantité suffisante pour sa propre consommation ; qu’elle est même fortement tributaire de l’étranger, mais qu’elle lutte énergiquement pour s’en affranchir. Plus qu’à aucune autre époque, cette question est à l’ordre du jour dans les commissions du Congrès. Qui l’emportera ? le partisan de la libre entrée du sucre étranger, dans le seul intérêt du consommateur et du raffineur, ou celui du relèvement des tarifs de douanes, en vue de protéger et