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se-jetant au milieu de la mêlée, l’enlever aux cinq vaisseaux qui le pressaient. Ce dévouement, s’il épargnait au commandant de l’Alcide la douleur d’amener son pavillon, ne devait malheureusement pas sauver son vaisseau de la destruction : incendié par ses propres boulets rouges, dont un maladroit décret de la Convention exigeait l’emploi, l’Alcide avait pris feu ; une heure après, il sautait avec un grand nombre de ses marins.

Le Palestro aurait-il péri de la même manière, le 20 juillet 1866, si l’une des frégates de l’amiral Albini s’était trouvée là pour le retirer de la mêlée et l’aider à combattre l’incendie qui dévorait ses œuvres mortes ?

Mais les frégates en bois de l’escadre italienne avaient bien autre chose à faire : malencontreusement constituées en escadre indépendante, elles exécutaient, à bonne distance du fort de l’action, une série de mouvemens tactiques qui ne paraissent pas encore, aux juges les plus impartiaux, avoir eu pour objectif exclusif de se rapprocher de l’ennemi.

Dois-je citer des cas où l’on vit de fortes frégates se ranger dans la ligne de bataille et en combler les vides ? — Je n’aurais que le choix, et il serait d’autant plus aisé aux grands croiseurs modernes de suivre de tels exemples que la ligne de démarcation qui les séparait des véritables « unités de combat » tend à s’effacer peu à peu : du croiseur sans épithète, nous sommes passés au croiseur protégé, puis au croiseur à ceinture cuirassée, en attendant le Dupuy-de-Lôme, qui, tout croiseur qu’il est, couvre la totalité de ses œuvres mortes d’un blindage de douze centimètres d’acier, la cuirasse de la Gloire en 1860.

Qu’est-ce donc, en effet, qu’un croiseur cuirassé, sinon un cuirassé à grande vitesse ? Mais ce n’est point un nouveau cuirassé qu’il nous faut ici ; non, pas même un cuirassé dont on attend vingt nœuds, promesse trop brillante et qui ne saurait nous séduire. — Des croiseurs de 4,000 tonnes, tels que ceux dont nous citions les noms plus haut, nous suffiront parfaitement, et nous tenons pour certain que, dans l’épuisement de la lutte, leurs obus de 14 et de 16 centimètres, chargés à la mélinite, feront lâcher prise aux ennemis acharnés sur l’une de nos grandes unités de combat.

Quels sont donc, pour conclure, les éclaireurs que nous adjoindrons à notre armée navale ? 6 croiseurs de 3,000 à 5,000 tonnes, 6 avisos de 400 à 1,200 tonnes, 12 torpilleurs de haute mer, ou torpilleurs éclaireurs, de 100 à 150 tonnes.

Si ces 24 navires appartiennent à des types éprouvés ; si les croiseurs et les avisos, donnent franchement 17 nœuds, en service