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hausse pour se dégager sans provoquer une secousse trop vive sur la place. Les avertissemens ne manquaient pas. A Vienne et à Berlin, les fonds internationaux étaient déjà en réaction. Le syndicat italo-allemand ne soutenait qu’avec peine la rente italienne. L’épidémie cholérique faisait perdre une unité et demie à la rente Extérieure. Chez nous, l’affaire du Crédit foncier restait l’objet principal des préoccupations financières, et entretenait une certaine inquiétude.

La rente 3 pour 100 a reculé de 0 fr. 75 environ en outre du montant du coupon. Sur l’amortissable, la réaction atteint près d’un franc. Le 4 1/2 pour 100 n’a perdu que 0 fr. 05 à 0 fr. 10.

La commission du budget a terminé sa tâche et préparé des rapports sur l’emprunt, sur le budget de 1891, sur les contributions directes. Au sujet de l’emprunt, le ministre et la commission se sont mis d’accord. On émettra 700 millions de francs en rente 3 pour 100 perpétuelle. Quand ? Là est la question. M. Rouvier aurait voulu l’opération immédiate, mais la chambre a mis tant de lenteur dans son œuvre de législation que l’on peut tenir pour à peu près assuré que le budget sera renvoyé à la session d’automne. L’emprunt suivra probablement le budget dans son ajournement après les vacances. Le parlement se contentera de voter avant sa séparation le projet sur les contributions directes.

Le Journal officiel a publié le dimanche 29 toutes les pièces relatives à l’affaire du Crédit foncier : le rapport de M. Machart, inspecteur général des finances, au ministre des finances ; les observations de M. Christophle, gouverneur du Crédit foncier, en réponse à ce rapport, le rapport rédigé par M. Rouvier sur les deux documens précités, enfin la lettre adressée par le ministre des finances à M. Christophle et contenant en quelque sorte la solution, toute morale, d’un incident si démesurément grossi par le caractère violent de certaines attaques qui paraissent, en fin de compte, avoir surtout servi une vaste spéculation de bourse sur les actions du Crédit foncier.

Le ministre des finances, dans sa lettre au gouverneur de cet établissement, reconnaît que, de toutes les critiques dirigées par l’inspecteur général des finances contre la gestion des affaires du Crédit foncier depuis une douzaine d’années, il ne ressort aucun fait d’une gravité telle qu’une atteinte sérieuse soit portée au crédit de l’institution, que la masse des obligations émises est très solidement gagée, et que même les opérations, à propos desquelles pourrait être relevée telle ou telle irrégularité ou soulevée une question d’interprétation des statuts, ont tourné au bénéfice des actionnaires, et par conséquent à la consolidation des gages des porteurs d’obligations.

Ce point capital établi, il sera facile au gouvernement du Crédit foncier de tenir compte, dans la mesure raisonnable et après accord sur certains points douteux, des recommandations faites par, M. Rouvier