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recettes, — elles donnent 224 millions de dollars, — le remède à un mal si étrange serait, à ce qu’il semble, une diminution des tarifs, le retour à une politique douanière plus libérale. Le dernier président, M. Cleveland, avait déjà proposé une révision des tarifs. Le nouveau président, M. Harrison, à son tour, propose assez timidement, dans son message, une réforme de ce genre. Le congrès, jusqu’ici, ne paraît pas pressé de suivre ces conseils. Voilà encore un point où les Américains se moquent parfaitement des principes ! Ils ont voulu, après la guerre de la sécession, rétablir à tout prix leurs finances, éteindre leur dette, suffire à tout, et ils n’ont trouvé rien de mieux que de mettre à contribution le commerce étranger, en suscitant du même coup un mouvement extraordinaire dans leurs industries. Ils ont réussi plus qu’ils ne l’espéraient peut-être, puisqu’ils ont amorti une grande partie de leur dette et qu’ils ont vu se développer une puissante industrie. Mais c’est justement ici la difficulté. Ils sont aujourd’hui entre un système de tarifs, qui a produit tout ce qu’il pouvait produire, dont ils n’ont plus besoin pour leurs finances, et des propositions de dégrèvemens, contre lesquelles l’industrie nationale se soulève. S’ils reviennent dans une certaine mesure à une politique plus libérale, ils ne s’y décideront sûrement qu’en gens pratiques, parce qu’ils y seront intéressés et qu’ils le pourront sans nuire à ce qui a fait depuis vingt ans leur prodigieuse prospérité.


CH. DE MAZADE.


LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

Les marchés financiers ont conservé quelque hésitation au moment de la liquidation de fin novembre et pendant les premiers jours de décembre. Puis les motifs d’inquiétude venant à s’atténuer et les élémens de hausse au contraire à se fortifier, la spéculation a repris courage simultanément à Berlin, à Vienne, à Paris et à Londres. Tous les fonds d’états se sont mis en mouvement et ont atteint sur la cote un niveau sensiblement plus élevé.

Il faut mettre naturellement à part le groupe des fonds brésiliens, de l’Extérieure et du Portugais, affectés par un événement politique d’une haute portée, la révolution du 15 novembre, et qui ont continué à baisser immédiatement après la liquidation.

Toutefois, cette baisse, faite plus encore par la spéculation que par les porteurs de titres, était trop rapide et violente pour ne pas donner lieu bientôt à une réaction assez vive dans le sens de la reprise. C’est