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toute la jeunesse, les futurs ministres des cultes aussi bien que les futurs médecins. Sur les 29,000 étudians de l’empire, les élèves en théologie comptent pour plus de 6,000. Il y a en Allemagne un étudiant d’université pour 1,544 habitans ; chez nous, la proportion est sensiblement moindre, 1 pour 2, 155 habitans ; mais, au fait, en tenant compte de toutes ces causes de différence, l’écart est beaucoup moindre.

Naturellement, avec le nombre des étudians s’est accru celui des grades. Il n’est cependant pas inutile d’établir, pour chaque ordre de facultés, le rapport des uns et des autres. Dans les facultés de droit, le rendement s’est accru d’une manière absolue. Nous avons dit que le nombre des étudians y était demeuré à peu près stationnaire. Le nombre des grades, au contraire, s’est notablement accru. De 1870 à 1879, la moyenne des licenciés en droit était, chaque année, de 1,050. De 1870 à 1884, ce nombre s’élève à 1,400. Il retombe ensuite à 1,260 ; mais il se relève plus tard à 1,300. En même temps le nombre des docteurs en droit s’accroît dans une beaucoup plus forte proportion. Il avait été de 30 en 1826, de 30 encore dix ans plus tard, de 100 en 1846, de 90 en 1856, de 80 en 1866 ; il monte à 190 en 1876, et depuis lors, il se maintient, bon an mal an, à 120 en moyenne. Dans les facultés et écoles de médecine, à l’inverse, le nombre des étudians s’est accru, et celui des grades est demeuré à peu près stationnaire. Avec plus d’étudians, nous ne faisons pas beaucoup plus de docteurs et nous faisons moins d’officiers de santé. Le nombre des docteurs reçus en 1866 était de 520 ; il était de 610 en 1876 ; depuis cette date, une seule fois, il s’est élevé à 690 ; mais d’autres fois il est tombé à 590 et même à 540. Le nombre des officiers de santé, qui était autrefois de plus de 200, oscille maintenant entre 135 et 90 ; il est même descendu à 80 en 1888. En revanche, dans les facultés des sciences et des lettres, c’est un changement du tout au tout. C’était naguère une excellente année quand nous avions, y compris les élèves de l’École normale, 60 licenciés ès sciences, 80 licenciés ès lettres, une dizaine de docteurs ès sciences, autant de docteurs ès lettres. Ce serait maintenant une très mauvaise année. Depuis 1877, nous sommes habitués à d’autres moissons. Nous avons eu, certaines années, jusqu’à 360 licenciés es sciences, 300 licenciés es lettres, 30 docteurs ès sciences et 30 docteurs ès lettres.

Tel est, vu du dehors, le tableau de nos facultés. Il nous faut maintenant pénétrer au dedans, et, sous le physique, chercher à saisir le moral.


LOUIS LIARD.