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être autre chose. Ce n’est pas seulement pour enrichir l’enseignement des facultés qu’on les instituait, mais surtout pour en changer le caractère. Le mot venait de l’École normale. Là jamais l’enseignement n’a été le monologue du professeur en face d’auditeurs passifs, c’est le colloquium actif du maître et des élèves : le maître apportant sa méthode et sa science ; les élèves, leurs ébauches et leurs essais de parole et de plume ; c’est, en un mot, ce qu’en Allemagne on appelle des séminaires. C’est là ce qu’on voulut transporter dans les facultés en y créant des conférences. On les créait, non pour le grand public, mais pour les vrais élèves qu’on s’efforçait de donner aux facultés des sciences et des lettres.

La plupart des nouveaux enseignemens créés depuis 1877 l’ont été sous la forme de cours complémentaires et de maîtrises de conférences. Il y avait, nous l’avons plus haut noté, 60 cours complémentaires en 1870 ; le nombre s’en était élevé à 105 en 1878 ; il est, en 1889, de 228, ainsi répartis : 2 dans les facultés de théologie protestante, 102 dans les facultés de droit, 27 dans les facultés de médecine, 13 dans les écoles de pharmacie, 29 dans les facultés des sciences, et 55 dans celles des lettres. Le premier crédit pour maîtrises de conférences date de 1877 ; il en fut alors créé 47 ; elles sont aujourd’hui au nombre de 129 : 3 dans les facultés de théologie protestante, 53 dans les facultés des sciences, 73 dans les facultés des lettres. — 67 chaires, 168 cours complémentaires, 129 conférences ; c’est donc, au total, 364 enseignemens nouveaux[1].

Si saisissans que soient ces chiffres, le parallèle d’une ou deux facultés avec elles-mêmes, à quinze ans de distance, le sera davantage encore. Prenons pour exemple les facultés de Lyon. En 1874, la faculté des sciences avait, en tout, 7 chaires : mathématiques pures, mathématiques appliquées, physique, chimie, géologie, zoologie et botanique. En 1888, elle a 10 chaires, celles de 1874, plus la chimie appliquée à l’industrie, la physiologie générale, l’astronomie ; 3 cours complémentaires de chimie, de botanique et d’astronomie ; 5 conférences de chimie industrielle, de zoologie, de mathématiques, de physique et de minéralogie, soit 18 enseignemens au lieu de 7. La faculté des lettres n’avait que 5 chaires en 1874 : la philosophie, l’histoire, la littérature ancienne, la littérature française, les littératures étrangères ; en 1889, elle a, en outre, 6 chaires nouvelles : la géographie, les antiquités grecques

  1. Dans tout ce décompte n’entrent pas les enseignemens des Écoles préparatoires et des Écoles de plein exercice de médecine et de pharmacie, lesquels sont payés par les villes.