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diverses provenances, pour la conduite des eaux-vannes, avec leurs coudes, jonctions, syphons et intercepteurs également en poterie. On reconnaît avec plaisir que la France a fait, depuis quelques années, des progrès sensibles dans cette fabrication et que ses produits peuvent aujourd’hui rivaliser avec ceux de l’étranger.

Notre canalisation souterraine laisse bien peu de chose à désirer et n’a rien à envier à celle de Londres, malgré les sacrifices considérables que cette ville a faits, depuis 1856, pour son assainissement et qui s’élèvent à 180 millions de francs. On peut en juger du reste par l’exposition des Commissioners of sewers de la cité de Londres, qui sont, comme on le sait, chargés du service de la voirie, de la surveillance des rues et des habitations au point de vue de la salubrité. Ils ont installé, dans le groupe de l’Économie sociale des villes et des campagnes, les plans des égouts de la cité, des dessins représentant les urinoirs publics établis dans le sous-sol de certains quartiers et des photographies de l’outillage qui leur sert à nettoyer les rues, à enlever, détruire ou utiliser les ordures ménagères. Je dois signaler également, dans l’exposition italienne, le plan du projet d’assainissement de la ville de Naples, avec les nouveaux tracés des rues. Ce projet est entré dans la phase d’exécution. L’inauguration des travaux a eu lieu, il y a trois mois, en présence du roi d’Italie. La dépense qu’entraînera cette œuvre gigantesque est évaluée à 100 millions.

Les différens systèmes de vidanges occupent, dans toutes les expositions d’hygiène, une place considérable. C’est en effet le point capital de l’assainissement ; mais ce n’est pas le sujet sur lequel s’arrête le plus volontiers l’attention des personnes étrangères à la profession médicale. Je serai donc sobre de détails.

Le mobilier des water-closets occupe tout un côté de galerie dans le palais de l’hygiène, et il permet de constater un progrès très réel accompli depuis trois ans. Lorsqu’on se souvient des objets grotesques exposés à la caserne Lobau en 1886, on reconnaît que nos constructeurs ont profité des conseils qui leur ont été donnés. Ils ont cependant encore trop de prédilection pour l’outillage compliqué. Les installations les meilleures sont celles dans lesquelles le mécanisme tient le moins de place. Les appareils élégans qui figurent en si grand nombre, dans la galerie que j’ai citée, ne sont du reste destines qu’aux hôtels et aux maisons riches ; le seul système qui convienne aux habitations ouvrières, ainsi qu’à celles de la petite bourgeoisie, est celui qui est adopté en Angleterre et qui se compose de cuvettes à cône très allongé, pourvues de syphons hydrauliques communiquant avec l’égout par des tuyaux de petit diamètre, également munis de syphons à leur