Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 96.djvu/78

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plus évidente, que le chiffre des décès dus à cette maladie, dans les différens arrondissemens, est en rapport avec la qualité de l’eau qu’on y boit et avec l’état de leurs égouts.

D’autres villes ont également exposé leurs statistiques de mortalité ; mais, dans cet ordre de travaux, la palme revient incontestablement à ceux de M. Janssens, inspecteur en chef du service d’hygiène de la ville de Bruxelles, lesquels sont exposés dans la section belge. On sait que le bureau d’hygiène de cette ville a servi de modèle à tous ceux qui se sont créés depuis, et qu’il est l’œuvre de notre confrère. L’exposition de M. Janssens se compose d’une série de plans et de tableaux représentant le mouvement de la population de la ville et celui de la mortalité produite par les principales maladies, le chiffre des affaires traitées par le bureau, le nombre des maisons désinfectées et les résultats définitifs de ces opérations. Il m’est impossible d’entrer dans de semblables détails ; ils se résument, du reste, dans un fait qui en est la dernière expression. Depuis 1874, époque à laquelle remonte la création du bureau d’hygiène, jusqu’en 1888, la mortalité, dans la ville de Bruxelles, a diminué de plus d’un quart. Elle est tombée de 31.3 pour 1,000, à 22.9. On peut donc évaluera 12,825 le nombre des existences qui ont été conservées pendant ce laps de quinze années, grâce à l’admirable organisation de cet important service. Aussi le jury des récompenses n’a-t-il pas hésite à accorder un grand prix au docteur Janssens.

La certitude avec laquelle opère l’hygiène, en matière d’assainissement, est du reste aujourd’hui reconnue par tout le monde. Toutes les villes s’imposent des sacrifices considérables pour perfectionner leurs conduites d’eaux et transformer leur canalisation souterraine. L’Exposition de 1889 donne la mesure des progrès accomplis, sous ce rapport, pendant les dix dernières années. Les plans relatifs aux amenées d’eau y figurent en grand nombre. La Compagnie générale des eaux pour l’étranger expose une série fort intéressante de plans et de vues photographiques représentant les travaux accomplis par elle à Naples, à Bergame, à la Spezzia, à Vérone, à Porto et à Constantinople. Ce sont, comme on le voit, les villes d’Italie qui ont mis le plus d’empressement à doter leurs populations d’eaux de bonne qualité. En 1855, les membres de la conférence sanitaire internationale de Rome, dont je faisais partie, eurent l’occasion, dans le cours d’un voyage à Naples, d’admirer les magnifiques ouvrages effectués par la Compagnie générale, et dont elle a envoyé les plans à l’Exposition. Il est difficile de voir quelque chose de plus grandiose et de mieux compris. Les dessins exposés n’en donnent aux visiteurs qu’une idée très imparfaite.