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Dans les questions diplomatiques, fit observer Flocon, les propositions sur la diplomatie seront renvoyées au comité des affaires étrangères. Le comité fera un rapport. Ce rapport contiendra des conclusions ou proposera des résolutions. Pendant ce temps-là, comment le ministre traitera-t-il la question pendante, s’il s’agit d’une affaire en cours de négociations avec des puissances étrangères ?

La question était fort sage devant une assemblée qui arrivait avec des idées très turbulentes en matière de politique extérieure et qui allait se trouver aux prises avec la question polonaise et la question italienne. Vivien n’y répondit pas. Il se borna à déclarer que les comités ne pourraient agir que sur l’ordre de l’assemblée et sur les questions qui leur étaient renvoyées. « Les comités, dit-il, ne sont qu’un pouvoir réfléchi, ils ne saisissent pas, ils sont saisis. »

La thèse était vraie en théorie. Dans la pratique, il en fut promptement d’une autre manière. Les comités n’avaient pas le droit d’initiative, mais ses membres le prirent indirectement comme simples représentans, par voie d’interpellation, et armés des documens administratifs ou diplomatiques qu’ils avaient pu se procurer comme membres des comités.

Le reste du règlement fut adopté presque sans discussion. Les événemens se précipitaient autour de l’assemblée et en Europe, et la pensée des neuf cents nouveaux élus était ailleurs. La constituante avait cru par une centralisation vigoureuse fortifier sa souveraineté d’assemblée unique, et rendre ses travaux plus rapides et plus éclairés, elle n’en demandait pas davantage. Nous allons Voir dans quelle erreur elle était tombée et comment les calculs de la commission du règlement furent déçus.


II. — RECRUTEMENT ET FONCTIONNEMENT DES COMITÉS.

Nous avons montré les embarras qui avaient assailli la commission du règlement quand il s’était agi de déterminer le mode de nomination des comités et comment elle s’était résolue à recruter ces derniers par inscription volontaire, et en cas d’excès d’inscriptions pour un comité, par la désignation du bureau de l’assemblée.

Les difficultés prévues se produisirent. Trois jours plus tard, le 16 mai, Sénard, vice-président de l’assemblée et membre de la commission, vint rendre compte de ce qui avait été fait. Quatre cent soixante-dix-sept membres, c’est-à-dire plus de la moitié de la constituante, s’étaient fait inscrire aux deux comités de