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« Mosieu,

« Il è d’un bon èspri de déziré la réforme de l’ortografe francèze aqtuèle, de vouloir la randre qonforme, ôtan qe posible, à la prononsiasion ; il è d’un bon grammèriin é même d’un bon sitoiiin de s’oqupé de sète réforme… »

On se figure l’indignation de l’auteur du Meunier de Sans-Souci. L’Académie française partagea les sentimens de son secrétaire perpétuel ; elle fut si irritée qu’elle se jeta dans la réaction, et que, publiant en 1835 sa nouvelle édition du Dictionnaire, elle ne voulut entendre à rien et repoussa tous les changemens proposés.

Mais, à son tour, M. Marie s’est trouvé dépassé par M. Edouard Raoux, professeur à l’Académie de Lausanne, qui donna, en 1865, son Orthographe rationnelle. Voici, comme spécimens, deux sentences de M. Raoux :

« Tan qe l’ijiène publiqe é la morale universèle ne seron pa sérieuzemant anségnée dan toute le z éqole primère, le flô du mal montera toujour. »

« Le jeune z èntellijanse son qome de bouton de fleur qe lon orè plongé dan lô boulante ; èle z on perdu leur forse vitale dan le chôdron fuman de la moderne éduqasion. »

Lors des premiers prospectus de M. Raoux, des comités s’étaient organisés dans les cantons de Vaud, de Neufchâtel, de Berne et de Genève, pour appuyer le mouvement. Mais, après la publication de son livre, il faut croire qu’un refroidissement se produisit, car l’auteur eut le regret de constater lui-même que la phonographie venait de subir un échec.

Faut-il considérer comme un successeur de M. Raoux le directeur du journal : « le mestr fanetik, organ de 1 asosjâSJO fonetik de profesœr da làg vivat, katrum ane, » M. Paul Passy ? Le numéro d’octobre de ce journal commence ainsi : « Dp" sykss. Nuz avô a àrgistre, s mwA si, dp’ sykss êportâ. 1 œ s. 1 vot râdy a 1 ynanimite par la kôgrc d 1 aljâs frâsEZ, da sa seàs dy 7 au, syr la propozisjô d mesjo’ B. Fourès, L. Havet e J. P. Martin, domàdà k tut latityd swa le : se o me : tr ki dczirrs s servir d œn alfabs fonetik kom pro-sede pedago^ik… »

On pourrait être tenté de voir en M. Paul Passy le fonétiste par excellence, la gauche révolutionnaire extrême. Mais ce serait, je crois, faire tort au jeune et ardent professeur. Il a effectivement, en orthographe, des idées avancées, qu’il soutient tous les mois avec conviction. Mais les spécimens que nous venons de donner se rapportent à une entreprise d’une autre sorte, parfaitement sérieuse et digne d’attention. Il s’agit d’une méthode particulière