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Déjà le défilé a commencé, et une animation insolite règne sur le marché de la coulisse qui pendant de longs mois avait eu un aspect morne et désolé.

C’est, en effet, sur ce marché spécial dont l’existence est en quelque sorte toute de tolérance, que viennent faire leurs premiers pas les créations nouvelles des établissemens de crédit. Pour certaines de ces créations, il ne s’agit là que d’un stage ; c’est le passage obligé pour pénétrer ensuite, après un délai plus ou moins long, dans le domaine réservé de la cote officielle, au milieu des titres négociés par l’intermédiaire des agens de change. Pour d’autres, au contraire, le marché en banque est un domicile définitif, la forme même des titres dans la plupart des cas ne permettant pas l’inscription à la cote officielle.

La Banque de Paris a donné le signal, dès le mois dernier, par l’introduction des actions de la Banque nationale du Brésil, établissement qui a commencé à fonctionner à Rio-de-Janeiro le 1er octobre, et dont l’opération principale doit consister au remplacement, par ses propres billets, du papier-monnaie de l’état brésilien. Un contrat, passé avec le ministre des finances du Brésil, assure de ce chef à la Banque des bénéfices considérables que notre marché escompte en ce moment en maintenant une prime de 140 à 145 francs à ces titres, dont le pair nominal est de 566 fr. 50, et qui ne sont encore actuellement libérés que de 20 pour 100 de ce montant.

La Banque russe et française a suivi, en offrant au public français des actions d’une Compagnie de mines d’or du Transvaal, the Robinson. Le capital de cette Compagnie se composait primitivement d’actions de 1 livre sterling ou 25 francs. En trois années, les résultats de l’exploitation furent tels et l’engouement, à Londres, prit des proportions si extraordinaires, que ces actions de 1 livre sterling s’élevèrent à 60 livres sterling. Le capital fut alors remanié ; chacune des anciennes actions de 1 livre sterling fut échangée contre dix nouvelles de 5 livres sterling ou 125 francs, et ce sont ces nouveaux titres qui se négocient actuellement chez nous entre 130 et 136 francs, soit avec une prime variant de 5 à 11 francs. L’entreprise est d’ailleurs très prospère et peut encore, même dans les conditions actuelles du capital, donner aux intéressés un revenu fructueux. On ne peut s’empêcher, toutefois, de constater que les développemens éventuels de cette prospérité sont déjà largement escomptés.

Le Comptoir national d’escompte a offert à sa clientèle un « certain nombre » d’obligations 4 pour 100 des chemins de fer russes de Koursk-Charkow-Azow. Cette valeur semble très bonne, ayant la garantie absolue du gouvernement russe. Remboursable à 617 fr. 50, elle produit un intérêt annuel de 24 fr. 70, net d’impôts. Le prix de souscription était 563 fr. 50. Le Comptoir national a annoncé, au bout de quelques jours, que la quantité de titres dont il pouvait disposer était