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MIRABEAU
D'APRES UN LIVRE RECENT

Voici un livre qui vient à son heure[1]. L’histoire de Mirabeau semble faite tout exprès pour le centenaire de 1789. Et cependant cette histoire aurait paru, sans doute, quelques années plus tôt, si celui qui en est le premier auteur, qui en avait tracé le plan et réuni les matériaux, n’avait été interrompu par la mort dans son œuvre commencée. On se rappelle le travail si curieux et si instructif de M. Louis de Loménie sur les Mirabeau, dont nous avons parlé au moment même où il venait de paraître. Dans la pensée de l’historien, ce n’était là qu’une œuvre préparatoire, le commencement d’une étude approfondie sur le grand orateur, dont il n’est guère possible de comprendre le génie tourmenté si on le sépare de sa race, de sa famille, du milieu dans lequel il a grandi, de l’influence qu’ont pu exercer sur lui certaines fatalités héréditaires et la contagion de certains exemples. M. Louis de Loménie venait de mettre la dernière main aux Mirabeau ; il allait aborder le sujet principal de ses recherches lorsqu’il fut frappé prématurément, en

  1. Le titre exact du volume que publie l’éditeur Dentu est celui-ci : les Mirabeau, par Louis de Loménie. Deuxième partie continuée par son fils. — Avec un sentiment très respectable de piété filiale, M. Charles de Loménie se présente au public comme le simple continuateur de l’œuvre de son père. En réalité, ce nouveau volume, qui est le troisième de la série, devrait être intitulé Mirabeau, car il est consacré tout entier au grand orateur. Les deux volumes précédons ne sont eu quoique sorte que la préface et l’introduction de celui-ci.