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fabrication des huiles et des matières grasses, se chiffre par un total de 40 millions de francs. L’or est abondant dans le Haut-Sénégal, ainsi que dans les établissemens du golfe de Guinée ; un jour ou l’autre il deviendra l’objet d’une exploitation régulière ; en ce moment ce n’est encore qu’une promesse d’avenir. Les colonies exposent surtout, avec leurs produits agricoles, les peaux, les fourrures, les plumes d’autruche et l’ivoire ; puis les types des races indigènes qui peuplent ces régions, de ces Maures, descendans des Berbères, à la haute taille, aux cheveux lisses et longs, aux traits réguliers, nomades, vivant sous la tente et promenant dans les grands espaces herbeux leurs nombreux troupeaux, échangeant contre le mil qui fait, avec le lait, la base de leur nourritures, leurs bœufs, leurs moutons et leurs chevaux, puis les gommes, les pelleteries et les plumes que le Sénégal nous montre dans ses vitrines. Classée avec une scientifique précision, l’ethnographie de ces races est l’une des parties les plus intéressantes de l’exposition de nos colonies dans l’Afrique occidentale. Il y a là les élémens d’un musée africain qui ne tarderait pas à s’enrichir de types curieux et peu connus.

Le Gabon et le Congo exposent le bois rouge et l’ébène, le caoutchouc et l’ivoire, l’huile de palme, richesse principale de leur sol. Arrosées par de nombreux cours d’eau, inondées pendant des mois par les pluies torrentielles de l’équateur, sous une température très élevée, ces régions sont envahies par une végétation exubérante dont certaines contrées de l’Amérique centrale peuvent seules donner une idée. La faune y est à la hauteur de la flore, et la vie animale intense ; les grands pachydermes abondent. M. Stanley évalue à 200,000 le nombre des éléphans du Congo. En estimant à 25 kilogrammes le poids des défenses de chacun d’eux, cette masse d’ivoire, rendue en Europe, représenterait 125 millions. Mais cette source de richesse que l’exploitation épuiserait promptement est bien inférieure à celle que peut fournir le palmier à huile. On le rencontre partout, dans les bassins de l’Ogooué, du Mari, du Congo. « Pas un bouquet d’arbres, dit Stanley, où l’on n’aperçoive la tige élancée de cet arbre, si précieux au point de vue économique. Dans certaines régions, entre le Loumani inférieur et le Congo, par exemple, on en trouve des forêts entières. »

Après le palmier, le produit forestier le plus important est la gomme du Landolphia Florida, ou plante à caoutchouc, dont divers échantillons figurent à l’exposition du Congo, ainsi que des gommes utilisées pour la fabrication des vernis. Toute cette région recèle des produits abondans, mais pour les exploiter et les amener à la côte, les voies de communication font encore défaut ; les fleuves ne sont navigables que sur une faible partie de leur cours ; la