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planétaires. L’incandescence et la lumière du soleil, d’abord très faibles et semblables au plus pâle crépuscule, commencèrent ainsi à briller ; elles percèrent enfin la densité de l’atmosphère terrestre, tandis que la surface de notre globe, après avoir abaissé sa chaleur propre, au-dessous d’une trentaine de degrés, se trouvait dans des conditions de nature à admettre les premières manifestations de la vie.

Il semble que maintenant il nous soit facile de saisir comment le soleil et la terre se trouvèrent en présence l’un de l’autre : celle-ci en voie de refroidissement, déjà couverte par les eaux, sous une lourde et dense atmosphère de vapeurs, attendant les premiers êtres vivans, dont les germes ne tarderont pas à éclore, pour se répandre et se multiplier ; le premier, — nous voulons dire le soleil, — ayant absorbé tous les matériaux de la nébuleuse, perdant peu à peu sa forme ellipsoïdale originaire, attirant à lui, par sa force attractive plus puissante, les trois planètes les plus voisines : Terre, Vénus, Mercure, dont les orbites tendent à se rapprocher de la sienne. Celle-ci prend, en se rétrécissant progressivement, une figure sphérique, tandis que sa température s’élève par le fait même de cette condensation et que les radiations lumineuse et calorifique, de plus en plus énergiques, percent enfin l’atmosphère terrestre, encore encombrée de vapeurs d’eau, et font luire à la surface de notre globe une lumière diffuse qui s’étend sans obstacle jusqu’aux contrées polaires et qui doit avoir éclairé les premières plantes. N’est-ce pas, effectivement, ce qui frappe dans la végétation des époques reculées, de celles du temps des bouilles en particulier ? ne comprenait-elle pas, avant tout, des fougères, celles de toutes les plantes encore vivantes qui recherchent l’ombre de préférence, qui redoutent le plus les rayons directs du soleil, l’éclat d’une lumière trop vive ? Adaptées sans doute, dès l’origine, à la brume tiède du ciel voilé des premiers âges, elles choisissent encore sous nos yeux les conditions qui s’en rapprochent le plus.

Ce qui va suivre n’est qu’une conséquence nécessaire des prémisses que nous venons de poser à la suite de M. Faye. Il est aisé de concevoir que la lumière et la chaleur déversées par le soleil n’aient cessé de croître en intensité à mesure que l’astre allait en se contractant, à mesure aussi que, parallèlement, l’atmosphère terrestre épurée gagnait en transparence et se dépouillait de vapeurs, à mesure enfin que le sol perdait les derniers restes de sa chaleur propre et cessait de pouvoir aider au maintien d’une température égale sur toute la surface du globe. Il vint donc un moment où, le disque solaire étant réduit à un diamètre apparent assez peu éloigné de celui qu’il présente sur notre ciel, et l’atmosphère se trouvant ramenée à une moindre étendue, la prépondérance fut désormais