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féconde du présent avec le passé, est seule en mesure de donner la clé des phénomènes d’autrefois.

Ramené à ces termes, le problème a une double portée, et sans vouloir sortir du cadre dans lequel M. Falsan s’est placé, il est permis de se demander, dès à présent, à quel point les théories cosmogoniques s’accordent ou ne s’accordent pas avec les données de la géognosie pure, en vue d’une solution, sinon absolue et immédiate, tout au moins approximative des questions que nous venons de poser. Il s’agit, remarquons-le, de ce qu’il y a de plus haut dans la science des choses, et, par une coïncidence qui ne saurait échapper, l’homme lui-même s’y trouve intéressé. Les notions relatives à l’origine de la race humaine semblent effectivement dépendre en partie de l’éclaircissement des difficultés que présente le phénomène de l’extension glaciaire ; et l’influence due à cette extension n’a pas été certainement sans portée aucune sur l’avenir des peuplades dont la présence se trouve constatée alors en Europe, pour la première fois.

Comment a du se constituer, non pas l’univers entier, c’est-à-dire l’ensemble de toutes les choses visibles, — l’imagination effrayée recule devant l’immensité insondable des cieux, — mais notre petit univers à nous, le système solaire dont la terre fait partie, dont le soleil occupe le centre et dont les limites actuellement connues s’étendent jusqu’à l’orbite de la planète Neptune ? Avant de répondre à cette question, il faut savoir que, dans cette réunion de mondes épars dont l’univers, se trouve composé, sous le regard perçant des astronomes et en se confiant à l’un de ceux qui ont le mieux réussi à analyser les notions résultant de l’usage des plus puissans instrumens[1], on observe une classification au moyen de laquelle les mondes ont été répartis en plusieurs catégories distinctes, autant d’après leur aspect que d’après la nature de leur lumière et, par cela même, des élémoes qu’ils comprennent. M. Faye distingue d’abord les nébuleuses, soit entièrement diffuses, soit régulières et condensées en anneaux ou en sphères, mais toujours formées de substances gazeuses d’un pouvoir comburant très faible[2] et que la moindre chaleur suffit à maintenir parfaitement fluides. Il distingue ensuite des nébuleuses vraies[3], les formations stellaires plus riches en substances variées, les unes gazeuses, les autres tendant à devenir solides, se prêtant par leur rapprochement à des combinaisons variées, susceptibles de brûler

  1. Voir, dans le livre de M. Faye, Sur l’Origine du monde, le chapitre XI, intitulé : l’Univers et la Classification des mondes.
  2. Telles que l’hydrogène ou l’azote.
  3. Dites encore : non résolubles.