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réunies concourent à un seul et même résultat : l’accumulation de la neige ; et, dès que la chaleur du jour ou celle des saisons est impuissante à faire fondre la neige accumulée, celle-ci, devenue permanente, aboutit aux glaces massives, sujettes à s’accroître d’année en année, à s’étendre en recouvrant le sol, à glisser et à s’avancer sur les déclivités qui les encaissent jusqu’au moment où l’équilibre entre la fusion et l’accumulation se trouve rétabli. C’est alors le glacier ; et c’est à des circonstances entraînant la formation, sur le flanc des montagnes, de plus de glaces que l’été ne pouvait en faire fondre, qu’est due en définitive l’extension glaciaire, et, avec elle, l’ensemble des phénomènes relevant de cette cause et compris sous le nom de période glaciaire.

Ainsi, tant que le globe que nous habitons, en plongeant au fond du passé, n’a pas été assez froid pour que, au moins aux pôles, la température s’abaissât jusqu’au point de la congélation, c’est-à-dire jusqu’au zéro de notre échelle thermométrique, et, d’autre part, tant que l’atmosphère est restée assez dense et assez étendue pour qu’il fût impossible aux reliefs montagneux d’atteindre la limite où la raréfaction de l’air devient sensible, la glace est demeurée inconnue sur notre planète ; et même, il est permis de l’affirmer, au début du phénomène, elle a dû être aussi exceptionnellement rare que le mercure solide l’est maintenant encore sous nos yeux. L’ancienne élévation de la température terrestre, aussi longtemps qu’elle s’est traduite par une absence de froid relatif, mettant obstacle à la congélation de l’eau, constitue donc en soi un phénomène qui domine, on peut le dire, le passé entier de notre globe et qui répond à un état primitif ; de même que l’altération graduelle de ce phénomène correspond aux préludes d’un état nouveau, succédant à l’autre, destiné à s’accentuer toujours davantage, et dont l’extension des glaciers n’est, aux yeux de M. Falsan comme aux nôtres, qu’une dernière conséquence et la plus extrême de toutes. Compris de cette façon et dans une acception très générale, le phénomène en question, nous le voyons d’ici, se rattache sans effort à deux ordres très différens d’idées et de recherches, destinés pourtant à se prêter un mutuel secours, à se contrôler et finalement à s’accorder un jour, de façon à ce que l’homme appuyé sur eux devienne capable de saisir et d’atteindre la vérité tout entière. Ces deux ordres d’idées sont, d’une part, l’ordre géologique qui fournit les indices, qui livre les documens et permet de saisir un long enchaînement de faits antérieurs à nous ; d’autre part, l’ordre astronomique fondant ses théories sur l’interprétation des faits actuels, de ceux qu’elle découvre au fond des espaces célestes. En définitive, l’astronomie, par le pouvoir qu’elle a d’établir une comparaison