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LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE

La liquidation de fin juillet a confirmé la reprise que venait de provoquer le résultat des élections pour les conseils-généraux. Les cours de nos rentes se sont relevés, et le reste de la cote a suivi. Le 3 pour 100 a été compensé à 84.55 avec un report moyen de 0 fr. 15, inférieur de près de 0 fr. 10 à celui du mois précédent. La prorogation des engagemens a été facilitée par l’abondance des disponibilités à Londres et à Berlin. Au surplus, les positions à la hausse avaient été notablement allégées en juillet, et il s’était même formé sur nos fonds publics un découvert dont les rachats n’ont pas été étrangers au mouvement, surtout dans les deux journées qui ont suivi la liquidation.

En effet, la rente française s’est élevée de près de 0 fr. 50 immédiatement après la liquidation, reprenant le cours de 85 francs, perdu il y a quelques semaines. L’Amortissable et le 4 1/2 ont suivi et quelques-uns des fonds étrangers se sont associés à cette marche en avant.

La place a été quelque peu surprise par cette poussée vigoureuse, que la situation politique et même le caractère satisfaisant de la liquidation ne suffisaient pas à expliquer. La direction du marché a paru ressaisie par des mains assez puissantes pour tenir la cote à un niveau déterminé si un intérêt politique venait à l’exiger. Depuis le 3 courant, le cours de 85 francs a été conservé sur le 3 pour 100 à travers d’insignifiantes oscillations. Il pourrait avoir été choisi comme un bon terrain d’attente jusqu’au jugement de la haute-cour ou jusqu’aux élections générales. Il ne faut pas perdre de vue d’ailleurs qu’un coupon trimestriel de 0 fr. 75 sera mis prochainement en paiement, ce qui ramène le cours dès à présent à 84.25.

A Londres, en dépit de l’extrême abondance des disponibilités sur le marché libre, la période des embarras monétaires s’est rouverte pour la Banque d’Angleterre, dont l’encaisse métallique a commencé à subir les assauts habituels à cette époque de l’année. Le jeudi 8, le taux de l’escompte a dû être relevé de 2 1/2 à 3 pour 100. L’influence a été à peu près nulle sur notre marché.

Les fonds russes ont profité de l’amélioration générale des dispositions. Les demandes restent actives au comptant et à terme. On cote le 1880 à 90.40, le 1889 à 93, les consolidés à 90 fr., en reprise les uns et les autres d’environ une demi-unité.