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Zacharie est le seul prophète qui parle de ce Satan, sorte de ministre de Jéhova chargé de sa police, comme on le voit par le préambule du livre de Job. On pourrait presque dire aussi que c’est le seul où on voit un ange, maleac. Il y en a bien un dans Osée, mais Osée ne fait que reproduire une histoire qu’on lit dans la Genèse (32-29), et dans la Genèse les anges ne sont que le dieu lui-même apparaissant sous une forme humaine, tandis que dans les livres historiques plus récens, ils sont plutôt ce que nous sommes habitués à appeler de ce nom. Il en est de même dans Zacharie, puisqu’il y a un endroit où l’ange de Jéhova dialogue avec Jéhova lui-même (1-12-13).

L’ange de Jéhova annonce, pour ainsi dire, au grand-prêtre le règne d’Hérode ; « Pousse est son nom (3-8) ; » un nom emprunte à Jérémie[1] un règne qui permettra à chacun de jouir en paix sous sa vigne et sous son figuier[2]. Puis le prophète voit un candélabre d’or, surmonte d’un vase d’où l’huile se verse dans sept lampes. De part et d’autre s’élèvent deux oliviers, à côté desquels deux tuyaux d’or versent encore l’huile. Les versets qui suivent montrent que le candélabre représente Zorobabel, c’est-à-dire Hérode, dont il est dit qu’il règne, « non par les armes ni par la force, mais par mon inspiration, dit Jéhova Sabaoth, » et encore, « qu’il posera au Temple nouveau la pierre angulaire, qu’il l’a commencé et qu’il l’achèvera. » — Mais qu’est-ce que les deux oliviers ? Le prophète fait la question et la réponse : « Ce sont les deux fils de l’huile, qui se présentent devant le Seigneur maître de la terre (13-13). « Les fils de l’huile, ce sont les fils de l’Oint, c’est-à-dire du roi, et ces paroles ont encore leur explication dans Josèphe. Immédiatement après la reconstruction et l’inauguration du Temple. Hérode alla à Rome, et il en ramena, avec la permission d’Auguste, les deux fils qu’il avait eus de Marianme ; ils y faisaient leur éducation, et ils y étaient aussi des espèces d’otages. Et Josèphe nous dit (16-1-2) : « Quand ils arrivèrent d’Italie, la foule s’empressa autour de ces jeunes gens, et tous les regards se portèrent sur eux, parés qu’ils étaient de la grandeur de leur fortune, et de leur beauté, qui répondait à la noblesse de leur sang royal. » Et ce fut sans doute au Temple, relevé par leur père avec tant d’éclat, qu’ils se donnèrent d’abord en spectacle.

Plus loin, Jéhova présente encore une fois Hérode au grand-prêtre, c’est-à-dire au peuple : « voici l’homme : Pousse est son nom ; il poussera de lui-même, et il bâtira le Temple de Jéhova.

  1. Dans Jérémie, 33, 3. « C’est une pousse qui sort de David ; il s’agit d’un chef libérateur d’Israël, et, par cette expression, il faut entendre un chef israélite, non un étranger.
  2. Expression encore empruntée (Michée, 4, 5).