Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 94.djvu/752

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Étant donné le plan des bâtimens dont il fallait, bon gré mal gré, tirer parti et, spécialement, celui de l’ancienne église, la tâche n’était pas de nature à exciter beaucoup l’imagination d’un architecte. M. Vaudoyer se contenta de demander conseil à son bon sens et, là où il ne pouvait en réalité faire acte d’invention personnelle, de travailler de son mieux à adapter l’œuvre d’autrui aux exigences du programme qu’il avait à remplir ; dût-il, en raison même des conditions imposées par les constructions primitives, n’obtenir que des résultats incomplets. Il ne dépendait pas de lui, par exemple, d’avoir pleinement raison des difficultés que présentaient, — soit pour la sonorité des murs dans lesquels les orateurs prononceraient leurs discours, soit pour l’aménagement des places destinées aux auditeurs, — la hauteur excessive du corps de bâtiment principal et le renfoncement des anciennes chapelles du pourtour, aussi bien que celui du sanctuaire qui se trouvait sous la coupole du petit dôme, au fond de l’église[1]. En établissant des amphithéâtres dans le centre du monument et dans la partie inférieure des chapelles, des tribunes dans la partie supérieure, en construisant à mi-hauteur du dôme une coupole intermédiaire ayant pour effet d’empêcher jusqu’à un certain point la déperdition de la voix, on lit à peu près tout ce qu’il était possible de faire pour atténuer les inconvéniens inhérens à la forme même et aux dimensions du local qui avait été choisi ; mais il ne s’ensuit pas, tant s’en faut, que tout soit au mieux pour cela. Certes, au point de vue pratique, la salle des séances publiques de l’Institut n’est pas, à beaucoup près, la plus avantageuse qu’on puisse imaginer ; et, quant aux décorations qu’elle recevait au commencement de ce siècle, — depuis les tristes Muses en grisaille de la coupole jusqu’au maigre mobilier à l’usage des orateurs et des membres du bureau, — il serait, je le crains, assez difficile pour le regard de s’y intéresser ou de s’y plaire. Et pourtant, si défectueuses qu’en soient forcément les dispositions architectoniques, si surannés ou

  1. L’espace réservé au sanctuaire était celui qu’occupent aujourd’hui le bureau dans les séances publiques et la travée centrale du vestibule qui s’étend derrière la cloison à laquelle ce bureau est adossé. Aux deux côtés, — c’est-à dire dans la première et dans la troisième travée du vestibule actuel, — s’ouvraient deux chapelles qui devaient servir de lieu de sépulture aux membres de la famille Mazarin et dans l’une desquelles avait été érigé le tombeau du cardinal, par Coysevox. Ce monument magnifique s’élevait le long du mur de fond de la chapelle dont il s’agit à la place même où se trouve maintenant la statue de Napoléon Ier, sculptée, en 1807, par Roland. Transporté pendant la période révolutionnaire au Musée des Petits-Augustins, et, après la destruction de ce Musée, au Louvre, le tombeau de Mazarin orne aujourd’hui dans ce palais une des salles consacrées aux chefs-d’œuvre de la sculpture française.