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Assur. Il y a sur tous ces pays une bénédiction ; Jéhova l’a prononcée, disant : Bénie soit Égypte, un peuple à moi, et Assur, que mes mains ont fait, et Israël, ma portion. »

Les commentateurs attachés à la tradition n’ont pu tirer rien de satisfaisant d’un tel passage. Mais comment n’y pas reconnaître, avec Hitzig, la situation de l’Égypte, de la Syrie et de Juda sous le principat de Jonathan ? Et comment imaginer même une autre époque où on ait pu voir quelque chose de semblable à ce que nous dit le prophète, et à ce que nous a raconté Josèphe (Antiq., 13-4-2) ? Ce n’est pas sans doute aux temps antiques que Juda a été l’allié de ses redoutables voisins, et que ceux-ci ont fait à Jéhova des offrandes. Mais cela a pu se faire quand le roi de Syrie, en reconnaissant l’Asinonée comme grand-prêtre, l’habillait de son propre vêtement royal, et quand le Temple, au témoignage de Polybe, c’est-à-dire d’un contemporain, était déjà célèbre parmi les Nations, ainsi que le dieu qui y présidait (Ibid., 12-3-3).

Le chapitre XX ne paraît pas ici bien à sa place ; car il reprend les menaces contre l’Égypte, qui semblaient avoir fait place à d’autres pensées. C’est que les livres prophétiques se composent, on l’a vu déjà, de pièces isolées, qui peuvent n’être pas toujours aussi bien rattachées les unes aux autres qu’elles devraient l’être ; les versets 14-25 peuvent, par exemple, avoir été ajoutés, l’an 150 au plus tôt, à ces morceaux composés une quinzaine d’années auparavant.

Les trois chapitres XVIII-XX confirment donc nettement ce qu’on peut reconnaître dès le début du livre (chap. VII-VIII), que le nom d’Assur est dans notre prophète un symbole qui désigne le royaume macédonien de Syrie, et non l’antique empire assyrien.

Le chapitre XXI se compose de deux portions. La première n’est qu’une reprise du sujet qui a déjà fourni les chapitres XIII et XIV, je veux dire la ruine de Babylone. La seconde prophétie retrace d’une manière énergique des événemens sur lesquels il n’existe aucun renseignement, de sorte que nous n’en pouvons rien tirer.

Le chapitre XXII a beaucoup plus d’intérêt. Les quatorze premiers versets décrivent un siège de Jérusalem. Ils ne sauraient fournir une date, car les sièges de Jérusalem ne manquent pas dans l’histoire d’Israël ; mais la fin du chapitre peut fixer là-dessus nos idées.

Il y est parlé de deux personnages, Sobna et Éliacim, dont les noms se trouvent déjà associés dans un récit du livre des Rois (IV, XIX, 2) ; mais ce ne sont que les noms qui sont semblables, et ce qu’on lit dans les Mois n’a aucun rapport avec ce que raconte le prophète. Dans les Rois, Éliacim et Sobna sont simplement chargés de conférer avec le général de Sennachérib, qui campe devant