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saurait en inférer que les dispositions vont subir une modification caractéristique sur l’ensemble des marchés financiers.

Le mouvement avait été surtout très artificiel sur le 4 1/2, à propos duquel on faisait circuler le bruit d’une conversion facultative en rente 3 pour 100. Le ministère des finances ne s’est nullement, paraît-il, occupé d’un projet de ce genre, et il est vraisemblable que l’on attendra l’échéance de 1893 où la conversion du 4 1/2 pourra être obligatoire et produire tous les avantages qu’en peut et doit espérer le Trésor. Les conversions n’en restent pas moins un genre d’opérations tout à fait à l’ordre du jour. Au moment où s’achève, en Angleterre, par le remboursement des dernières rentes consolidées 3 pour 100, la grande opération réalisée l’année dernière par M. Goschen, on prépare des conversions en Espagne, en Grèce, en Égypte, en Hongrie et en Russie. Pour la Hongrie et la Russie, il s’agit d’achever ce qui a été commencé avec le plus grand succès il y a quelques mois. Dans l’un et l’autre pays, tout ce qui restait de rentes 5 pour 100 doit disparaître pour faire place à des emprunts en 4 ou 4 1/2 pour 100.

C’est en 4 pour 100 que la Russie a déjà converti, une première fois en décembre de l’année dernière, 500 millions de francs de rentes 5 pour 100, et une seconde fois, en mars de cette année, 700 millions. L’opération actuellement préparée, et qui verra le jour probablement à la fin de mai, portera sur 1,200 millions, et le fonds offert au public sera encore du 4 pour 100.

Le 4 pour 100 russe 1880, qui a servi de type aux nouveaux emprunts, a été porté, depuis fin avril, de 96 à 97 francs et reste à 95 francs, ex-coupon de 2 francs détaché le 13 courant. Le Hongrois a gagné également une unité à 89. L’Italien s’est avancé de 0 fr. 40 à 97.90. Le ministre du Trésor a présenté des évaluations rectifiées, touchant le budget de 1889-1890. Grâce à des économies obtenues dans divers départemens et notamment aux travaux publics et à la guerre, le déficit présumé serait ramené de 54 à 37 millions. On sait d’avance que la réalité dépassera largement ces chiffres. On n’en doit pas moins féliciter les nouveaux collaborateurs de M. Crispi des louables efforts qu’ils font pour opérer toutes les réductions possibles dans les dépenses exigées par la politique de la triple alliance.

L’Extérieure d’Espagne a pu aborder le cours de 77, mais non sans avoir à subir de fortes réalisations qui l’ont fait reculer à 76 ¾. Le 3 pour 100 portugais s’est maintenu avec fermeté à 68 1/2, et l’Unifiée, ex-coupon de 10 francs, s’est avancée de 5 francs à 470. Il s’était produit, dans les premiers jours d’avril, une vive poussée des valeurs turques, Dette générale, Obligations des chemins ottomans. Obligations privilégiées et des Douanes, et cette amélioration a été presque intégralement conservée. La Banque ottomane ne s’est pas associée à cette hausse et reste négligée à 552.50.