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SOUVENIRS DIPLOMATIQUES

LA MISSION DE M. DE PERSIGNY A BERLIN EN 1850.

I.
LA FRANCE ET LA PRUSSE AU SORTIR DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

Le roi Frédéric-Guillaume IV déclina, le 3 avril 1849, la couronne impériale qu’une députation du parlement de Francfort était venue lui offrir. Son refus fut un coup inattendu, douloureux, pour le patriotisme germanique ; il dissipait ses rêves, renversait une œuvre laborieusement édifiée, et laissait l’Allemagne sous le coup d’une mortifiante déception. Le ministre d’Autriche, qui connaissait l’empire des mots sur l’esprit impressionnable du roi, l’avait fait brusquement reculer, au moment où il allait accepter, par une virulente apostrophe . : « Jamais je ne croirai, lui avait dit le baron de Prokesch, que Votre Majesté consente à ceindre sa tête royale d’une couronne sortie de la fange révolutionnaire, d’une couronne de c... eine shweinekrone. » C’est sous l’impression de cette apostrophe qu’il avait congédié la députation et qu’il écrivait à son ami M. de Bunsen : « La couronne dont vous vous occupez pour votre malheur est déshonorée surabondamment par