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LA
FEMME AUX ÉTATS-UNIS

II.[1]
L’AMOUR ET LE MARIAGE.


I.

Sur un continent nouveau, sans limites alors connues, une émigration de proscrits volontaires, fuyant, non la vindicte des lois, mais l’oppression des partis, mécontens plutôt que révoltés, exilés sans arrière-pensée de retour, emportant tout avec eux : famille, or et traditions, tel fut le point de départ de la colonisation américaine. Dès le début, par la force des choses, par l’isolement, par les dangers affrontés en commun, par le rôle même que les événemens lui imposent et que nous avons retracé, la femme s’affirme l’égale de l’homme, non plus inférieure à lui comme elle l’était alors en Europe, passant de l’autorité paternelle absolue sous le joug non moins despotique de l’autorité conjugale. Ces chaînes tombent le jour où elle aborde sur ces côtes lointaines ; son rôle grandit. Aussi utile, aussi nécessaire que l’homme à l’œuvre commune, les services quelle rend lui conquièrent l’égalité qu’elle ambitionne.

Si l’on n’introduit pas explicitement cette égalité dans les lois,

  1. Voyez la Revue du 15 mars 1889.