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les engagemens dont l’exécution impose de si lourdes charges au pays, et à qui incombe la responsabilité de ces engagemens ? La réponse à ces questions est la partie la plus ardue de la tâche que nous nous sommes assignée.

Les pensions sont la première cause que nous voulions examiner, bien que nous nous soyons expliqué antérieurement sur ce sujet. Le fardeau qu’elles imposent au trésor devient de plus en plus lourd, et dès 1887, il préoccupait sérieusement les commissions de la chambre et du sénat. Le crédit inscrit au budget de 1888 était de 200 millions : il a été élevé à 217 millions dans le budget de 1889, et le ministre des finances demande pour 1890 un crédit de 220,496,626 francs, soit une augmentation de 3 millions 1/2 sur le budget en cours. Les choses n’en demeureront pas là, car la chambre a adopté le principe de l’unification des retraites militaires en faveur des sous-officiers, caporaux, soldats et assimilés, retraites avant la loi du 18 août 1881, et a décidé qu’ils jouiraient des avantages accordés par cette loi. L’unification devrait se faire en trois années ; elle entraînera une dépense évaluée au minimum à 12 millions, et comme le premier crédit demandé est seulement de 2 millions, on a en perspective une nouvelle dépense de 10 millions. Les officiers retraites sollicitent depuis longtemps la même faveur, et il n’y a aucune raison valable pour la leur refuser, du moment qu’on entre dans la voie de la rétroactivité ; puis viendra le tour des pensions de la marine, puisque les armées de terre et de mer ont toujours été traitées sur le même pied.

L’extension qu’il faudra donner aux cadres de l’armée en conséquence de la future loi sur le recrutement entraînera dans l’avenir une augmentation correspondante dans le chiffre des pensions. Ainsi s’accélérera encore la progression déjà trop rapide de cette cause de dépenses. Voici quelle a été cette progression depuis 1869 pour les pensions de l’armée de terre :


1869 45,136,000 francs.
1875 62,613,000 —
1879 67,045,000 —
1887 87,359,000 —
1889 92,316,000 —

La dépense est donc aujourd’hui plus que double de ce qu’elle était en 1869, c’est-à-dire avant la guerre. On remarquera surtout l’augmentation de 20 millions qui s’est produite de 1879 à 1887, plus forte de 3 millions que celle qui a eu lieu de 1869 à 1875 et qui s’explique par le fait de la guerre franco-allemande. Dans la