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100 millions d’obligations sexennaires qui viennent à échéance en 1889, la presque totalité, 95 millions, devra être renouvelée ; sur les 138 millions accordés au département de la guerre à titre de crédits extraordinaires. 54 millions seulement sont couverts par le reliquat de la conversion du 4 1/2 pour 100, 84 millions devront donc être demandés à une émission d’obligations ; 75 millions devront également être empruntés directement par l’État pour le service de la garantie d’intérêts accordée aux compagnies de chemins de fer par les conventions de 1883. En vertu des mêmes conventions, 142 millions seront dépensés en travaux neufs sur les lignes en construction, et 55 millions en travaux complémentaires sur les lignes déjà construites : pour les intérêts des sommes déjà empruntées, 40 millions devront être portés au compte de premier établissement et retomberont à la charge de l’État ; enfin, le compte à régler entre l’État et les compagnies pour les insuffisances de recettes des lignes nouvelles exigera encore de 40 à 50 millions, sans que le chiffre en puisse être exactement déterminé à l’avance. Ces diverses sommes seront empruntées par les compagnies, mais la charge en incombe à l’État, pour le compte de qui les compagnies agissent. Les subventions à servir à des chemins de fer d’intérêt local et à des entreprises de tramways exigent un peu plus d’un million. Pour les travaux des ports, les chambres de commerce et les municipalités feront l’avance de 25 millions, qu’elles se procureront par des emprunts gagés sur des surtaxes, mais que le trésor devra leur rembourser. Sur le produit de l’emprunt spécial affecté à la liquidation de la caisse des chemins vicinaux et de la caisse des écoles, il sera dépensé environ 60 millions pour l’exécution des engagemens contractés antérieurement à cette liquidation. Enfin, il faudra encore se procurer par voie d’emprunt 19 millions pour l’enseignement supérieur et pour les créations et constructions de lycées, les lois en vertu desquelles ces dépenses seront faites n’y ayant affecté aucune ressource.

Si l’on additionne ces diverses dépenses auxquelles il n’est pas pourvu, et dont bien peu sont susceptibles de réduction, on voit qu’en 1889 l’État devra, par voie d’emprunt direct ou d’emprunt indirect, se procurer une somme qui peut approcher de 600 millions, mais qui ne descendra pas au-dessous de 550 millions. Ainsi, l’exercice 1889, en supposant qu’on n’éprouve aucun mécompte dans le rendement des recettes et que les crédits supplémentaires, déjà prévus, soient compensés par des annulations équivalentes, devra aboutir fatalement à un déficit minimum de 550 millions. Or ce déficit peut être considéré comme chronique. Dans la discussion du budget de 1889, un des orateurs du sénat, s’appuyant uniquement sur les derniers comptes-rendus généraux publiés par l’administration