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donc sur la terre ferme et dans l’air que s’observent les extrêmes de la température. Il faut noter cependant que les rayons du soleil peuvent produire à des températures notablement supérieures à celles qu’indique le thermomètre à l’ombre. Le thermomètre qui marque 27 degrés à l’ombre en marque 31 degrés au soleil, et lorsqu’il repose sur un morceau d’étoffe noire, il peut s’élever à 80. Dans un casque de cuirassier, au soleil, l’on relève de 60 à 70 degrés; dans les chambres de chauffe, l’on voit parfois le thermomètre monter à 75 degrés centigrades. D’autre part, il ne faut pas oublier qu’il y a des êtres vivans dans des sources thermales présentant 90 et 98 degrés centigrades (Hooker, Flourens, etc.). Il en résulte qu’en somme, l’on a vu des êtres terrestres résister à +100 degrés et d’autres à — 60 ou — 70 degrés. Ces chiffres indiquent les températures extrêmes auxquelles des êtres vivans se trouvent exposés en l’état actuel de la terre, mais ils n’indiquent pas celles auxquelles certains de ces êtres peuvent résister, car certaines spores de bactéries résistent à plus de + 100 degrés et à plus de — 100 degrés centigrades, d’après des expériences récentes. Admettons toutefois, pour simplifier, qu’il existe des êtres résistant à — 150 degrés et à + 150 degrés. Tous les êtres sont-ils susceptibles de subir impunément, même pendant un temps assez court, des températures extrêmes ? Peut-être bien : à la condition d’un séjour court et d’un milieu peu conducteur. Mais cela ne prouve rien. Il n’y a d’intéressant, dans l’étude de cette question, que les faits ou expériences qui se rapportent aux résultats d’une action prolongée que l’organisme subit, tantôt en y cédant, c’est-à-dire en s’échauffant ou se refroidissant, tantôt en y résistant, c’est-à-dire en conservant sa température normale. Nous ne nous occuperons donc pas des cas, nombreux d’ailleurs, et assez intéressans, où l’on a vu l’homme et les animaux résister pendant quelques minutes ou quelques secondes à des températures extrêmes, et nous ne considérerons que le cas où l’expérience est prolongée de telle façon que la température ait réellement le temps d’agir.

Il existe pour chaque espèce animale ou végétale, voire même pour chaque variété, dans certains cas, un optimum thermique, c’est-à-dire une moyenne de température qui est la plus favorable à sa croissance et à son développement. Il ne fait pas oublier, cependant, que, pour toute espèce, une certaine accommodation est possible, dont les limites sont plus ou moins restreintes. Dans bien des cas, l’on arrive aisément à faire vivre des êtres dans un milieu qui leur eût été fatal si on les y avait introduits d’emblée, à la condition de leur ménager les transitions. Le fait est surtout connu pour les milieux chimiques, et j’en ai observé de très nombreux