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il y a des oscillations normales assez considérables. Chez l’homme sain, normal, elles sont d’un degré environ par vingt-quatre heures, la température étant maxima de dix heures ou midi, jusqu’à six ou sept heures du soir, pour atteindre un minimum entre minuit et six heures du matin. Un exercice violent peut la faire monter de quelques degrés, la digestion procure une légère fièvre ; en un mot, une foule de circonstances surviennent à chaque heure, qui font varier, dans des limites restreintes, il est vrai, la production thermique.

En outre, et cela est naturel, après les explications que nous avons fournies plus haut, la température n’est pas la même dans les différentes parties de l’organisme. Cela tient à deux raisons : telles parties sont plus thermogènes que d’autres ; et telles sont plus exposées à la déperdition de calorique. La topographie calorifique de l’organisme est assez bien connue actuellement. L’on sait que la veine hépatique est l’endroit le plus chaud de l’organisme, ce qui tient à la fois à la position de cette veine, bien protégée contre le refroidissement, et renfermant du sang échauffé par les actions chimiques intenses qui se passent dans le foie : le cerveau a probablement la même température que cette veine. Par contre, la peau présente toujours une température notablement inférieure (de 3, 5 ou 6 degrés) à celle du reste de l’organisme, ce qui tient à la déperdition par rayonnement, qui est considérable.

En résumé, si nous laissons de côté le rôle de la chaleur extérieure, la température propre de chaque être est la résultante de deux facteurs : de la production et de la déperdition thermiques. La chaleur produite est le résultat des actions chimiques infiniment variées dont l’organisme est le théâtre, actions parmi lesquelles les oxydations tiennent une place prépondérante. Dès que les oxydations sont ralenties, par suite d’un trouble respiratoire quelconque, la température baisse : la cause en est dans ce ralentissement même et dans le contre-coup qu’il exerce probablement sur d’autres actions chimiques thermogènes. Pour la déperdition, elle se fait en vertu de lois physiques bien connues, et chez les animaux homéothermes elle est tantôt facilitée, tantôt entravée par le jeu d’un mécanisme régulateur placé sous la dépendance du système nerveux, mécanisme qui, à l’état normal, tend à conserver à l’organisme une température à peu près constante, diminuant les pertes quand la production est faible ou insuffisante, eu égard à la température du milieu extérieur, les augmentant au contraire, quand celle-ci est trop élevée, ou quand la production est considérable et serait de nature à trop échauffer l’organisme.

La seule différence, au point de vue de la physiologie de la calorification, qui existe entre les animaux homéothermes et hétérothermes,