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pour rendre impossible l’accès de l’oxygène de l’air, ou si on la place dans un gaz inerte, privé d’oxygène, comme l’azote, l’excès de chaleur devient tout à fait minime, les combustions étant très réduites, ou même supprimées. Grâce à des expériences plus délicates, on a du reste pu établir d’une façon incontestable une corrélation étroite entre l’apport d’oxygène et la quantité de chaleur produite, celle-ci étant d’autant plus grande que la quantité d’oxygène absorbée est plus considérable.

On est donc en droit d’admettre que toutes les fleurs dégagent une certaine quantité de chaleur, quantité variable, il est vrai, car elle diffère d’une fleur à l’autre, mais toujours nettement appréciable. Pareil dégagement s’observe chez les organes moteurs des plantes, quand ils sont excités au mouvement : on l’a encore constaté dans les jeunes pousses, au moyen d’aiguilles thermo-électriques : il est beaucoup plus sensible chez elles que chez les plantes adultes, où la vie est certainement moins intense, moins active.

On voit, sans qu’il y ait lieu d’insister plus longtemps, qu’à l’exemple des animaux, les végétaux dégagent de la chaleur, et que leur calorification est due en grande partie aux oxydations dont ils sont le siège. Il est donc permis d’établir entre ces deux catégories d’organismes une assimilation complète, et ce n’est pas un des moindres résultats de la science moderne, que cette démonstration, qui va se complétant chaque jour, de l’identité et de l’unité des lois fondamentales de la vie, malgré les différences de forme et d’extérieur.

Du moment où la calorification résulte des phénomènes chimiques qui accompagnent la nutrition et la respiration, il doit y avoir une dépendance étroite entre ceux-ci et l’alimentation. Cette dépendance existe nettement. Les phénomènes nutritifs sont la conséquence de l’introduction des alimens dans l’organisme de telle façon que celui-ci puisse se les assimiler, les uns, directement, les autres, après leur avoir fait subir des modifications chimiques ; à la première catégorie se rattachent divers sels, et l’eau ; à la deuxième, les composés organiques, chair, fruits, légumes, lait, etc. Si l’alimentation est nulle ou insuffisante, l’animal dépérit, surtout s’il n’est pourvu d’une réserve alimentaire, sous la forme de graisse. En même temps sa température baisse. Le fait a été établi d’une façon très nette par Chossat surtout, qui a fait de l’inanition une étude excellente. Les animaux privés de nourriture produisent moins de chaleur : leur température s’abaisse chaque jour, et à la fin, au moment où l’animal succombe, elle est tombée de 10, 15 ou 20 degrés au-dessous de la moyenne normale. Des pigeons, par exemple, présentent 20 ou 18 degrés au lieu de 40 ou 42 degrés : mêmes phénomènes chez