Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 93.djvu/186

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

afflux sanguin qui s’opère vers la peau en pareil cas. Sous l’influence de la chaleur extérieure, les vaisseaux cutanés se dilatent, ils renferment une plus grande quantité de sang, et le rayonnement de la peau étant ainsi accru, il se fait un certain refroidissement qui tend à envahir l’organisme entier, en raison de la circulation du sang, qui du reste s’accélère et facilite aussi la réfrigération.

Pour lutter contre le froid, l’organisme est moins bien armé au Point de vue physiologique : du reste, il faut dire dès maintenant que le refroidissement est moins dangereux que l’échauffement, et l’on conçoit assez bien que l’organisme soit mieux doué pour la lutte contre ce dernier. La sensation du froid stimule l’animal au mouvement, et, par conséquent, l’oblige à se réchauffer; en outre, les habitans des climats froids prennent toujours une fourrure plus épaisse en hiver et qui les protège mieux. En dehors de ces ressources, nous signalerons le fait que le froid contracte les vaisseaux de la peau, ce qui diminue la réfrigération ; la respiration s’accélère, et, avec elle, les combustions organiques, le besoin d’alimens est plus grand, l’on mange plus, ce qui introduit dans l’organisme une quantité plus grande de combustible. Notons en passant l’importance considérable du rôle joué par le système nerveux dans cette régulation de la chaleur, rôle nettement mis en évidence par de nombreuses expériences de physiologie, et de non moins nombreuses observations cliniques.

En résumé, la chaleur des animaux est le résultat des phénomènes chimiques dont ils sont le siège. Chez les uns ces phénomènes sont très actifs, et la température est élevée : en outre, il existe un appareil régulateur tel que, dans des limites assez étendues, les oscillations de la température extérieure ne modifient que médiocrement où insensiblement leur température propre : ce sont les animaux homéothermes. Chez d’autres, et l’on devine qu’il s’agit des hétérothermes, les phénomènes chimiques sont faibles, peu actifs. De là une température propre peu élevée. En outre, ils n’ont point d’armes sérieuses à opposer à l’action de la température extérieure : ils en suivent donc les oscillations, et leur température propre est en somme le résultat de l’action du milieu, aussi bien et plus encore que de celle des phénomènes chimiques qu’ils présentent. Cette différence entre les animaux à sang chaud et les animaux à sang froid est considérable, car chez les premiers, dans les conditions normales moyennes, la température extérieure n’a aucune ou presque aucune action sur la température propre.

La calorification est un phénomène général chez les animaux, du protozoaire à l’homme : elle offre des différences de degré, mais c’est une fonction partout présente. Il nous faut montrer maintenant