Page:Revue des Deux Mondes - 1889 - tome 92.djvu/645

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’amas d’Hercule ? Sur le cliché, cet amas forme une petite tache diffuse, large de 2 ou 3 millimètres ; en l’examinant à la loupe, on distingue plusieurs centaines d’étoiles dispersées autour d’un noyau d’apparence pulvérulente, que l’on parviendrait sans doute à résoudre, à son tour, en une multitude de points lumineux. On n’a jamais essayé de dessiner ces groupemens, encore moins d’en faire des mesures micrométriques directes, l’œil étant ébloui, dit M. Mouchez, par ce qui apparaît, il l’oculaire, comme un amas d’innombrables et brillans grains de poussière ; mais le cliché, porté sous le microscope, permettra de dresser sans difficulté la carte exacte de ce merveilleux coin du ciel. En la transmettant à la postérité, nous donnerons à nos descendans le moyen de constater les évolutions qui, sans doute, s’accomplissent lentement au sein de cette agglomération de soleils.

La recherche de la parallaxe annuelle, qui nous permet de mesurer la distance des étoiles en prenant pour base d’opération le diamètre de l’orbite terrestre, constitue l’un des problèmes les plus délicats de l’astronomie moderne, car les déplacemens qu’il s’agit de constater ne dépassent jamais quelques dixièmes de seconde, et sont le plus souvent noyés dans les erreurs d’observation. De là le désaccord irritant des déterminations successives d’une même parallaxe, effectuées par des astronomes également habiles, avec les instrumens les plus parfaits. La photographie sera-t-elle plus heureuse ? M. Pritchard, à Oxford, a essayé de l’utiliser, en premier lieu, pour la vérification de la parallaxe d’une étoile double bien souvent observée, la 61e du Cygne. D’après Bossuet et Peters, cette parallaxe ne dépasserait guère un tiers de seconde ; d’après Otto Struve et Auwers, elle atteindrait une demi-seconde (0", 52). M. Pritchard a photographié l’étoile double en question, pendant une année, avec quatre étoiles de comparaison, disposées symétriquement, deux dans la direction des composantes et deux dans la direction perpendiculaire. Les mesures micrométriques lui ont donné, pour chacune des deux composantes, une parallaxe de 0", 43, qui indique une distance égale à environ 500,000 fois celle du soleil, distance que la lumière met sept ans et demi à franchir. Il a dû, toutefois, rejeter quelques épreuves à cause des déformations accidentelles de la couche sensible, survenues pendant le développement. Pour se mettre à l’abri de cette source d’erreur, il faudra n’employer que des plaques impressionnées par un réseau de repère, suivant le conseil de M. Lohse. Depuis l’année dernière, M. Pritchard a simplifié son procédé de recherche, en se bornant à observer chaque étoile pendant cinq nuits dans chacune des quatre périodes de l’armée indiquées par l’ellipse parallactique, que l’étoile semble décrire dans le ciel ; de cette façon, il espère pouvoir