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M. Scheiner ont montré que l’augmentation n’a pas lieu suivant une loi simple. Sous le microscope[1], ces taches rondes se résolvent en une multitude de points noirs, très serrés au centre pour les étoiles des dix premières grandeurs, de plus en plus clairsemés pour les astres plus faibles, jusqu’aux vestiges indécis qui marquent l’extrême limite de la perceptibilité chimique. Pour le moment, cette limite est bien plus reculée que celle de la pénétration de l’œil armé d’une lunette. Le pointillé des images provient évidemment de l’action de la lumière sur les molécules du sel d’argent, incorporées dans la couche sensible. Ces étoiles photographiques ressemblent ainsi à des amas d’étoiles, à des nébuleuses plus ou moins résolubles.

Cet aspect est si caractéristique qu’on ne risque guère de confondre les étoiles très petites avec des taches accidentelles, comme on l’avait craint tout d’abord, et il s’ensuit qu’on pourra souvent se dispenser de multiplier les poses. MM. Henry, pour éviter toute confusion, se sont astreints à répéter trois fois les poses sur le même cliché, en déplaçant chaque fois la lunette, de manière à former avec chaque étoile un petit triangle équilatéral de 3e à 4e de côté. Cette apparence triangulaire n’est d’ailleurs perceptible qu’à la loupe ; les clichés reportés sur papier donnent des images qui paraissent parfaitement rondes. Un avantage subsidiaire de ce mode d’opérer, c’est qu’il devient ainsi possible de reculer encore plus loin la limite de visibilité des étoiles ; on pourrait aussi constater plus facilement, de cette manière, la présence d’une planète inconnue, dont le mouvement propre déformerait le triangle microscopique. Mais il est clair que la pose triple entraîne une grande perte de temps. Le congrès a préféré, pour l’exécution de la carte du ciel, comme nous l’avons vu, deux séries d’épreuves parallèles et indépendantes.

Les clichés ne nous font pas connaître les positions absolues des étoiles ; ils nous permettent seulement d’en déterminer la situation relative. Encore faut-il, pour l’obtenir avec toute la précision voulue, se servir d’un système de repères. On se procurera ces repères par la reproduction des réseaux que M. Vogel prépare à cette intention, et qui sont gravés à la pointe d’acier sur des plaques de verre argenté ; appliqué sur la plaque sensible, le réseau y laisse une image latente qui, développée plus tard, apparaît sous la forme d’un système de lignes de repère bien tranchées. Ces réseaux de repère ne sont pas seulement d’un grand secours pour

  1. A défaut d’une loupe, on peut se servir, pour contempler ces images, d’un simple carton, percé d’un petit trou, qu’on applique sur l’œil : c’est une loupe primitive.