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d’une part, assurer une plus grande précision dans la mesure micrométrique des étoiles de repère, et de l’autre fournir les élémens d’un catalogue, la durée d’exposition sera beaucoup plus courte (de 35 à 40 secondes). Ce catalogue contiendra probablement 1 million 1 /2 d’étoiles, — plus du double de celles qui sont bien connues aujourd’hui. Quant au nombre des étoiles qui se trouveront représentées sur la carte proprement dite, on peut l’estimer à 10 ou 15 millions. Les deux séries de clichés qui serviront à construire la carte seront faites de façon que l’image d’une étoile, située au coin d’une plaque, de la première série, se trouve aussi près que possible du centre d’une plaque de la seconde série ; on espère que cela suffira pour éliminer les fausses étoiles et parer à l’inconvénient des points insensibles qui pourraient exister sur les plaques.

En adoptant, pour la carte, une pose de 30 minutes, on aurait pu aller jusqu’à la 15e grandeur, et obtenir un nombre d’étoiles double ou triple, soit 30 ou 40 millions, et peut-être davantage. C’était ce que désiraient plusieurs membres du congrès, qui n’ont pu se résoudre qu’avec peine à tronquer ainsi l’œuvre commune des astronomes du XIXe siècle. M. Mouchez, notamment, a fait remarquer que la limite à laquelle ou s’est arrêté est bien près de celle des astéroïdes que l’on découvre encore tous les jours ; pour obtenir des traces appréciables de ces petits astres, les poses de 12 minutes risquent d’être insuffisantes. Ceux qui ont combattus l’extension du levé au-delà de la 14e grandeur ont allégué, en premier lieu, la longueur du temps que demanderait, dans ces conditions, l’achèvement de la carte. On leur a répondu qu’en fixant à 14,000[1] le nombre total des épreuves nécessaires pour l’exécution de la carte, et en supposant le travail réparti entre quinze ou dix-huit observatoires, chaque observatoire n’aura qu’un millier de clichés à fournir ; en comptant 12 minutes pour chaque épreuve, le travail pourra aisément s’achever en mie ou deux années ; quatre années suffiraient, en adoptant une durée d’exposition de 30 minutes, pour aller jusqu’à la 15e grandeur.

Une autre objection, peut-être plus sérieuse, est tirée de l’impossibilité d’utiliser une pareille surabondance de données. Que ferez-vous, disait M. David Gill, des images de tant de millions d’étoiles, une fois que vous les aurez obtenues ? Où trouver assez d’astronomes pour en tirer parti ? Nous ne sommes pas dans l’île flottante de Laputa, où tous les hommes s’occupaient exclusivement de mathématiques, de sorte qu’il fallait toujours les frapper sur la tête avec une vessie contenant des pois secs pour les réveiller. Ces

  1. En comptant 6 degrés carrés par cliché, il en faut 7,000 pour couvrir le ciel, et 14,000 avec les duplicata.