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9e ou la 10e grandeur, comme le catalogue dressé par Argelander pour le ciel boréal.

A l’Observatoire de Paris, des travaux analogues se poursuivaient également, depuis quelques années, avec un succès de plus en plus marqué. MM. Paul et Prosper Henry avaient entrepris, en 1871, de continuer la « Carte écliptique, » commencée par Chacornac, qui n’avait pu en exécuter que la moitié. Cette carte, extrêmement utile pour la recherche des petites planètes, doit contenir toutes les étoiles jusqu’à la 13e et la 14e grandeur, contenues, le long de l’écliptique, dans une zone de 5 degrés de largeur. Or, à un moment donné, MM. Henry se virent arrêtés dans ce travail par l’impossibilité manifeste de construire, par les anciens procédés, les sections des cartes où un fourmillement d’étoiles annonce les approches de la voie lactée. C’est alors qu’ils prirent le parti de recourir à la photographie. Ils étaient, dit l’amiral Mouchez, admirablement préparés pour vaincre ces difficultés. « Suivant les traditions, trop abandonnées aujourd’hui, des grands astronomes des siècles passés, qui s’occupaient eux-mêmes de la construction de leurs instrumens, ils consacraient depuis longtemps, dans leur modeste atelier de Montrouge, tous les momens de liberté que leur laissait leur service très actif à l’Observatoire de Paris, à l’étude de la taille et du polissage des verres d’optique. Une grande intelligence des questions à résoudre, l’harmonie d’aptitudes un peu différentes et très heureusement associées chez les deux frères, une volonté énergique et un travail persévérant qu’aucune distraction ne venait jamais troubler, ne pouvaient manquer de leur assurer un succès bien mérité. Ils étaient devenus, en quelques années, les plus habiles artistes de France, et leur notoriété n’était pas moins grande à l’étranger. » Après avoir construit, à titre d’essai, un objectif de 0m, 16, qui donna de très bons résultats. MM. Henry se chargèrent d’exécuter la partie optique d’un appareil définitif de 0m, 33 d’ouverture, dont M. Gautier devait fournir la partie mécanique. Le nouvel instrument a été installé à l’Observatoire en mai 1885 et n’a cessé, depuis lors, de fonctionner. La sensibilité des plaques est telle que l’image d’une étoile de 1re grandeur s’obtient en moins d’un centième de seconde, celle d’une étoile de 0° grandeur en une demi-seconde ; pour la 10e grandeur, la durée de pose est de 20 secondes ; pour la 15e, de 33 minutes ; pour la 10e, il faut I h. 20[1]. Les étoiles de 10e grandeur ! Nous voilà déjà loin au-delà des limites de

  1. Nous prenons ces indications dans la notice de l’amiral Mouchez, qui date de 1887 ; mais ces temps de pose sont déjà abrégés beaucoup en faisant usage de plaques plus sensibles, toiles que les plaques américaines dont se sert M. Pickering, et que MM. Henry ont essayées à leur tour.