Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 90.djvu/948

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

réussi presque pour la première fois, en plein hiver, à joindre l’Inde à travers le Pamir. Il serait d’ailleurs inutile d’insister sur ce qu’il leur a fallu, pour accomplir cette laborieuse entreprise, d’énergie, de courage, de sang-froid, de persévérance. Mais ce qu’il faut signaler, comme ajoutant beaucoup à l’intérêt même du voyage, c’est le ton de simplicité, on pourrait dire de bonhomie, avec lequel M. Bonvalot l’a raconté dans son livre, et dont, au surplus, nos lecteurs ont déjà pu juger. Le goût de l’aventure et la passion de l’inconnu ont seuls entraîné MM, Pépin, Capus et Bonvalot, nullement le désir de nous étonner un jour du récit de leurs exploits; et, avec son accent de sincérité, c’est précisément ce qui donne à leur livre un caractère d’intérêt trop rare, dans un temps où il semble que l’on n’écrive plus son voyage parce qu’on l’a fait, mais en vérité que ce soit pour l’écrire qu’on fasse le voyage.

Nous ne disons pas au moins cela pour un ouvrage dont nous avons loué les précédens volumes, et dont nous annonçons aujourd’hui le dernier : le Littoral de la France[1], par M. V. Vattier d’Ambroyse. Aussi bien n’est-ce pas, à proprement parler, un récit de voyage, mais plutôt un vrai livre de géographie descriptive, pittoresque, historique, riche de renseignemens qu’on chercherait vainement ailleurs, et, nous l’avons déjà dit, abondamment et ingénieusement illustré. C’est de Marseille à la frontière d’Italie que M. Vattier d’Ambroyse nous promène. Ceux qui voudront continuer agréablement la promenade n’auront qu’à prendre pour guide M. de Léris, et parcourir avec lui l’Italie du Nord[2]. Voilà, en effet, de ces voyages que l’on ne se lasse pas de refaire, dont l’intérêt se renouvelle avec les impressions du voyageur. lui-même; qui sont ainsi toujours, dans des contrées connues, devrais voyages de découvertes; et qui peut-être enfin, s’ils nous en apprennent moins sur la nature, nous en apprennent beaucoup plus sur l’homme qu’un voyage au pôle nord. Combien de Français ont aujourd’hui des idées plus nettes sur la région des grands lacs de l’Afrique centrale que sur les îles Borromées, par exemple, ou que sur Cassis, La Ciotat et La Seyne ?

C’est encore pourquoi nous recommanderons vivement le livre de M. Louis Barron : la Loire[3], et, par avance, la collection dont il forme le premier volume, sur : les Fleuves de France. Après tant de voyageurs et d’historiens, il pouvait paraître hardi de parler encore de la Loire, des châteaux qui s’y mirent, et des sou7enirs qu’ils rappellent. Nous ne pensons point que M. Barron ait lieu de regretter son audace, et ce que nous disions des livres de M. de Léris et de M. Vattier d’Ambroyse,

  1. Palmé, 1 vol. in-8o.
  2. Quantin, 1 vol. in-8o.
  3. Laurens, 1 vol. in-8o.