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acte ; elle en eut un troisième, du 5 au 1 6 juin, toujours aux environs de Djidjeli, un quatrième, du 18 au 26, à l’est, sur la rive gauche de l’Oued-Kebir, enfin un cinquième, du 1er au 15 juillet, sur la rive droite jusque dans Collo. Le 26 juin, comme la colonne descendait à Kounar, à l’embouchure de l’Oued-Nil, à mi-distance entre Djidjeli et l’Oued-Kebir, pour recevoir les vivres que lui apportait le Titan, une masse de Kabyles était tombée sur l’arrière-garde commandée par le colonel Marulaz. La lutte corps à corps avait été terrible; l’ennemi s’était enfin retiré, laissant 80 morts sur la place, mais l’arrière-garde avait perdu 28 tués, dont 2 officiers, et 103 blessés. Le 15 juillet, le bivouac fut pris sous les murs de Collo ; quand cette bicoque eut été mise, tant bien que mal, en état de repousser les insultes de ses voisins kabyles, le général de Saint-Arnaud licencia sa colonne, renvoya les corps à leurs garnisons et prononça la clôture de cette campagne qu’il résumait, pour les siens, en style de bulletin d’une concision napoléonienne : « Quatre-vingts jours d’expédition, vingt-six combats, lutte vive et acharnée, mille hommes touchés par l’ennemi, un sur sept, et toujours des succès ! Expédition critiquée au début, rude à conduire, aujourd’hui juste sujet d’éloges. »

Depuis cinq jours il était divisionnaire, et presque tout de suite il fut appelé au commandement d’une division active à Paris. Ce fut le résultat le plus clair de cette grande prise d’armes. On lit dans les Mémoires du maréchal Randon : « l’expédition s’accomplit avec des succès variés; ses résultats, comme affermissement de notre domination, furent à peu près nuls, et quand, en 1853, nous parûmes dans la même contrée, nous ne trouvâmes ni vestiges ni souvenirs de l’apparition de nos colonnes en 1851. »


VIII.

Chassé de l’Oued-Sahel par le général Camou, comme on vient de voir, Bou-Baghla n’avait fait que traverser la Grande Kabylie, et avait reparu sur le Sebaou, chez les Guechtoula. Sur cette nouvelle, et par les ordres du général Pélissier, toujours gouverneur intérimaire à la place du général d’Hautpoul, qu’on ne devait plus revoir d’ailleurs en Algérie, le lieutenant-colonel Bourbaki alla s’établir, au mois d’août, avec deux bataillons de zouaves, un bataillon du 25e léger, deux escadrons de spahis et deux obusiers de montagne, au camp de Dra-el-Mizane. Cette démonstration n’ayant pas suffi à rétablir le calme dans ces parages, le gouverneur y fit marcher, au mois de septembre, sous les ordres du général Cuny, une colonne de trois bataillons et de deux escadrons, d’un