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bien, et j’ai confiance dans les municipalités; mais qui conduira ces malheureux à l’ambulance ou à la mairie de la commune voisine? car la guerre fait toujours naître « le cas de nécessité. » Voilà encore un sujet d’étude propre à éveiller l’émulation : comment relever promptement et transporter hors du terrain de combat les cavaliers blessés? Je crois qu’en un jour de bataille, et pour les seuls fantassins, on ne tarderait pas à constater que des brancards supplémentaires ne seraient point superflus. On n’aura pas à chercher longtemps pour les découvrir ; la Société offrira ses brancardiers, qui s’empresseront, et si elle désigne un délégué pour les précéder et les guider, nul n’en sera surpris ; mais il y aura rivalité parmi les concurrens pour ce poste de combat.

Lors de la mobilisation du 17 corps d’armée (septembre 1887), le comité de la dix-septième délégation avait ouvert une infirmerie de gare à Toulouse dans l’espoir de l’utiliser. Un ordre fort inattendu, expédié de Paris au dernier moment, lui prescrivit de la fermer. Le comité fut contraint de modérer son zèle et de se contenter de parer au service d’évacuation et d’établir une buvette de ravitaillement. La Croix rouge n’en fit pas moins œuvre recommandable; car, par ses soins, sur 210 soldats malades arrivés à Toulouse du 1er au 10 septembre, 150 ont été conduits à l’hôpital, et 60, continuant leur route, après avoir été réconfortés, ont été évacués sur leurs dépôts respectifs. Autant que l’on peut comparer la période de guerre à la période de paix, cette expérience trop restreinte a été concluante, et le docteur Naudin, qui la dirigeait, en a été satisfait. Elle est de bon augure ; mais elle devrait être étendue et souvent renouvelée, afin de permettre au personnel de la Croix rouge d’acquérir l’aplomb, l’adresse, la rapidité dont il n’aura que trop besoin lors des grandes poussées produites par l’entrée des armées en campagne et par l’encombrement inévitable qui résulte du mouvement des troupes aux jours de batailles.

Le matériel employé à Toulouse, pour les évacuations, appartenait exclusivement à la Société de secours aux blessés ; il doit en être ainsi dans les établissemens qu’elle crée. Cependant on a prévu certains cas d’urgence dans lesquels l’administration de la guerre peut prêter à la Société une partie du matériel indispensable à l’aménagement des hôpitaux ou des ambulances ; la Société est alors responsable des objets qu’on lui a confiés et dont un inventaire, dressé contradictoirement, est rédigé en triple expédition. De même, dans les localités où elle a installé des maisons ou des étapes hospitalières, « elle est tenue de fournir, avec ses propres ressources, les denrées et objets de consommation nécessaires au traitement des malades. » Dans une seule circonstance, l’administration