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sources naturelles et jaillissantes. Au milieu de ces forêts où l’on ne pénètre que par de rares sentiers, des espaces plus ou moins étendus sont occupés par des villages, par des villes même, dont les habitations sont construites ordinairement en briques cuites au soleil. Plusieurs de ces ksour ont une muraille d’enceinte protégée par un fossé plein d’eau et qu’entourent un grand nombre de jardins fermés de murs. »

L’un d’eux, le principal, portait le nom de Zaatcha. « Une forêt de palmiers, continue le témoin que nous venons de citer, l’entoure de tous côtés et ne laisse même pas découvrir le minaret de sa mosquée. A la lisière du bois, on voit une zaouïa, auprès de laquelle un groupe de maisons forme comme un ouvrage avancé de la place. En partant de la zaouïa pour pénétrer dans l’oasis, on est arrêté, dès les premiers pas, par une infinité de jardins enclos de murs à niveaux différens, la plupart coupés par des canaux d’irrigation, et comprenant, outre les palmiers, toute sorte d’arbres fruitiers qui gênent la vue et rendent toute reconnaissance impossible. Les rares sentiers qui mènent à la ville sont resserrés entre les murs de ces jardins, et ce n’est qu’après de nombreux détours que l’on arrive à un fossé large de 7 mètres, profond, encaissé et entourant la forteresse d’un infranchissable obstacle. Au-delà se présente l’enceinte bastionnée et crénelée à différentes hauteurs pour favoriser la multiplicité des feux; c’est à cette muraille que s’adosse une partie des maisons de la ville. A l’intérieur, de grandes maisons carrées, percées seulement au dehors de petites ouvertures servant de créneaux, sont merveilleusement disposées pour les ressources extrêmes de la défense. Enfin, les murs des premiers jardins construits au bord du fossé forment déjà comme une première enceinte, et, encore au-delà, un petit mur à hauteur d’appui règne autour de la moitié de la ville, accessoire de l’obstacle principal, qui est la muraille bastionnée et parfaitement crénelée. Une seule porte donne entrée dans la place, du côté de la profondeur de l’oasis; elle est défendue par une grande tour crénelée dont les feux dominateurs en couvrent toutes les approches. »

Dans la forêt de palmiers qui entourait Zaatcha se trouvait comme englobé, à 1 kilomètre seulement de distance, le ksar de Lichana. Presque aussi voisins étaient les ksour de Farfar, de Bou-Chagroune et de Tolga.

La paix assurée par l’autorité française, la sécurité des chemins, la facilité des relations commerciales, avaient accru dans les Ziban le bien-être des populations ksouriennes ; les dattes se vendaient bien ; aussi le bureau arabe de Biskra s’était-il cru légitimement en droit d’élever de 0 fr. 25 à 0 fr. 40 par tête d’arbre en plein rapport l’impôt des palmiers; et, de fait, la taxe nouvelle avait été